Surprise: la RBA n’exclut pas encore un relèvement de taux

Les marchés

La Reserve Bank of Australia (RBA) a, comme prévu, laissé son taux directeur inchangé à 4,35 % ce matin. Début décembre, la banque avait encore laissé la porte ouverte à un nouveau relèvement. Les chiffres d'inflation encourageants publiés la semaine dernière pour le quatrième trimestre (4,1 % en glissement annuel contre 5,4 % au troisième trimestre) auraient pu inciter la banque centrale à annoncer officiellement la fin de son cycle de resserrement. Cela n'a pas été le cas. La RBA n’a toujours pas exclu officiellement une nouvelle hausse de taux.

La fermeté affichée aujourd'hui par la présidente, Michele Bullock, et ses collaborateurs contraste quelque peu avec l'approche « stop and go » hésitante adoptée plus tôt dans le cycle. L’année dernière, la RBA avait rapidement appuyé une première fois sur le bouton pause en avril. Après une deuxième phase attentiste entre juin et octobre, le ralentissement trop lent de l’inflation avait poussé la RBA à rehausser une nouvelle fois ses taux en novembre (+25 pb à 4,35 %). Il ne faut jamais dire jamais, mais pratiquement personne sur le marché ne croit en un nouveau resserrement de la RBA. Cette dernière a néanmoins tiré des leçons de son propre parcours et de celui d’autres banques centrales. Tant sur le plan nominal (4,35 %) qu'en termes réels (4,35 %-4,1 % d’inflation), le taux directeur ne peut pas vraiment être qualifié d'élevé. Dans ce cas-là, vous restez donc vulnérable en cas d'inflation plus élevée que prévu. En outre, en tant que banque centrale, vous avez beau envoyer des signaux au marché pour indiquer que les taux resteront « plus élevés pendant plus longtemps », si, dans le même temps, vous annoncez que vous ne procéderez plus à aucun resserrement, le marché aura alors automatiquement le réflexe d'anticiper un premier abaissement des taux. La RBA préfère encore éviter cela pour le moment.

Les nouvelles prévisions  sur lesquelles repose la décision d'aujourd’hui montrent pourtant une trajectoire d’inflation plus faible qu’en novembre. Mais il s’agira d’un processus de longue haleine. Ce n’est qu’au second semestre de 2025 que l’inflation reviendra dans la zone cible de 2-3 %, avant de se retrouver vraiment où elle doit être (2,6 %) à la mi-2026. Il reste surtout encore beaucoup de chemin à parcourir au niveau de l’inflation des services (1 % en glissement trimestriel au quatrième trimestre).Et maintenant que les marchés mondiaux doivent se faire à l’idée que le premier abaissement de la Fed aura lieu plutôt tard que tôt, la perspective d'un assouplissement de la RBA s'est également éloignée. Après la publication des taux d’inflation du quatrième trimestre la semaine dernière, une première baisse en juin était déjà quasiment entièrement prise en compte. Cette probabilité est désormais retombée à moins de 70 %. Il faudra probablement attendre août, voire septembre.

Comme la plupart des autres devises, le dollar australien a subi la suprématie du dollar américain ces dernières semaines, et certainement depuis la réunion de la Fed mercredi dernier. Le cours AUD/USD risque de perdre sa zone de support de 0,6525, malgré la fermeté affichée par la RBA. Cette domination du dollar US pourrait encore durer un certain temps. Le cours AUD/USD 0,6270/6170 constitue un niveau de support crucial sur les graphiques techniques. Nous partons du principe que celui-ci résistera. Pour une reprise durable d'une devise sensible à la conjoncture comme le dollar australien, il faudra probablement attendre un assouplissement général des conditions monétaires (orchestré par la Fed), qui permettra à la croissance mondiale de passer à la vitesse supérieure. De meilleures nouvelles en provenance de Chine pourraient également aider. L'année 2024 sera peut-être déjà très avancée lorsque les dominos commenceront éventuellement à tomber du côté de l’Aussie.
 

AUD/USD : la fermeté affichée par la RBA n'est pour le moment pas suffisante pour remettre en cause la suprématie du dollar US.

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Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

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