La Norges Bank garde toutes les options
La banque centrale norvégienne (Norges Bank ou NB) a, comme prévu, laissé son taux directeur inchangé à 4,5 % ce matin. Mi-décembre, elle avait encore procédé à un relèvement de 25 points de base. Un ajustement, pris à titre préventif. L’inflation (principale) ne ralentissait pas suffisamment vite et la banque centrale voulait rassurer quant à la réalisation de l’objectif d’inflation de 2 %. La pression persistante sur les coûts des entreprises et les augmentations relativement élevées des salaires constituaient, selon elle, des risques. Et la faiblesse de la couronne n’aidait pas non plus.Le resserrement de décembre ne marque cependant pas un changement de cap fondamental. Depuis, la BN se demande pendant combien de temps les taux d’intérêt devront rester au niveau actuel. Dans une version actualisée de ses prévisions, elle estime que ce niveau devra au moins être maintenu jusqu'à l’automne. Ensuite, il y aura de la place pour une réduction un peu plus rapide qu’initialement prévu.
Sur le fond, pas grand chose n'a changé depuis la réunion de décembre. L’inflation générale (0,1 % en glissement mensuel et 4,8 % en glissement annuel, comparé à 4,9 %) et l’inflation de base (0,2 % en glissement mensuel et 5,5 % en glissement annuel, comparé à 5,8 %) ont encore légèrement ralenti, mais restent au-dessus de l’objectif de 2 % et de l’estimation de la NB. La couronne s’est toutefois appréciée d’environ 4 % par rapport à l’euro, principalement en raison du nouvel assouplissement des conditions monétaires générales après la réunion de la Fed du 14 décembre. Tout est toujours bon à prendre. La NB maintient que les taux devront encore rester au niveau actuel pendant un certain temps. Tant une accélération des baisses qu'une éventuelle hausse supplémentaire restent possibles, en fonction des données. Le marché ne tient plus compte du second scénario depuis déjà longtemps. En revanche, le premier est bel et bien intégré. Les marchés monétaires estiment ainsi à +/- 80 % la probablité d’une première réduction de taux en juin. Vu le ralentissement relativement lent attendu de l’inflation (la NB table sur une inflation de base moyenne de 3,5 % cette année et de 2,5 % l’année prochaine), il n'y a selon nous pas vraiment de raison de se précipiter. Nous tablons sur le troisième ou le quatrième trimestre, en partie en fonction du rythme qu'auront adopté la BCE et la Fed.
La couronne a gagné un peu de terrain ce matin suite à la décision. Le fait que la BN n’exclue pas encore formellement un resserrement conforte l'idée selon laquelle la NOK pourrait bénéficier d'un soutien des taux un peu plus longtemps que l’euro (ou le dollar). La couronne reste néanmoins très tributaire des conditions financières globales et du sentiment vis-à-vis du risque. Notez à cet égard comment la couronne a perdu du terrain (de manière limitée) malgré une hausse plus large des taux depuis le début de l’année. La querelle entre le marché, d’une part, et la Fed et la BCE, d’autre part, sur la question de savoir s'il faudra ou non réduire prochainement les taux, pourrait provisoirement freiner la reprise de la couronne. Si le niveau global des taux continue de baisser et que la croissance repart à la hausse, cela devrait en principe créer des conditions favorables pour la couronne. D’autant plus que cette amélioration de la croissance soutient également le cours du pétrole. 11,18 (plus bas de décembre) et 11,10 (plus bas de juillet) constituent des premières zones de support intermédiaires pour le cours EUR/NOK (zones de résistance pour la couronne). En cas de « scénario de reflation », la couronne pourrait essayer de passer sous la barre de EUR/NOK 11.