Pleins feux sur les banques centrales
Le passage de juillet à août ne se fera pas dans le calme cette semaine. Après une période d'accalmie dans le calendrier économique, tout le monde est à nouveau sur le pont. En plus d'une avalanche de chiffres, le marché doit intégrer d’importants résultats d’entreprises, alors que les banques centrales, de l’Est à l’Extrême-Ouest en passant par l’Europe centrale, se penchent sur leur politique monétaire.
Petit coup de projecteur. Les banques centrales se réunissent aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon (ainsi qu’en République tchèque). C'est probablement chez les plus importantes d'entres elles que les incertitudes sont les moins grandes. Pour la Fed, toute autre décision qu'un statu quo (5,25-5,5 %) constituerait une surprise ce mercredi. Nous serons surtout attentifs au ton utilisé dans la déclaration de politique et lors de la conférence de presse du président, Jerome Powell. La principale question est de savoir si juillet marquera le moment d'une ouverture en faveur de baisses de taux ; de manière formelle dans la déclaration ou de manière informelle via le président. Trois chiffres d'inflation meilleurs que prévu au trimestre dernier ont permis de faire oublier les trois déceptions du premier trimestre, alors que les données économiques ont de manière générale manqué la cible depuis la réunion de juin et que le point d'inflexion se rapproche de plus en plus sur le marché du travail. Le solide chiffre de croissance enregistré au deuxième trimestre fait office de seule exception. La pression du marché est là : pour cette année, celui-ci nourrit de plus en plus l’idée de trois abaissements (bien plus que ce que la Fed avait prévu dans ses prévisions de juin) ou d’une formule 25-50. Confirmer le sentiment du marché en cette période de volumes typiquement moins importants comporte des risques, mais nous ne pensons pas non plus que Powell voudra s'opposer de plein fouet au récent repositionnement. Nous pensons donc que la Fed devrait laisser la porte à une première réduction de taux en septembre entrouverte en juillet avant de l'ouvrir en grand en août (Jackson Hole).
L'issue de la réunion de politique de la banque centrale britannique donne lieu à plus de conjectures. Il s’agira surtout de voir si l’inflation s'est suffisamment affaiblie aux yeux de la majorité des membres du comité pour justifier une politique monétaire moins restrictive (5,25 %). La dernière fournée de chiffres économiques a pu alimenter les deux camps - colombes et faucons. Certains avaient déjà fortement hésité à voter en faveur du statu quo en juin (7-2). Ce sont donc eux qui auront la clé jeudi. Le marché estime la probabilité d’un premier abaissement à quasiment 50-50. Nous ne serions pas surpris que la Banque d'Angleterre, munie de nouvelles prévisions, profite de la dynamique actuelle du marché et de la fin des élections pour passer à l'acte.
La décision de taux que prendra la Banque du Japon (BoJ) demain fait l'objet d'un point d’interrogation au moins aussi important. Même si, ici, on parle d'une augmentation par rapport au niveau actuel de 0-0,1 %. L’inflation reste supérieure à l’objectif de 2 %, mais la consommation privée n’est pas convaincante. La BoJ veut voir cette dernière prendre un rôle de moteur structurel de l’inflation. En outre, la récente appréciation du yen a pour effet d'atténuer un peu la pression. Tant le marché que les analystes sont très partagés. Nous pensons que la banque centrale attendra encore un peu. Il est en revanche certain qu’elle présentera un plan détaillé de la réduction progressive de ses achats d’obligations (actuellement 6 000 milliards de yens par mois). La BoJ s'est jetée à l'eau il y a quinze jours en sondant le marché sur un scénario réaliste qui minimiserait la volatilité. Le résultat de ce sondage, une réduction de moitié des achats en un an ou un an et demi, sera probablement la voie que va emprunter Tokyo.