Levées de fonds historiques sur le marché pour la Belgique

Les marchés

Au mois de janvier, les émissions obligataires sont au moins aussi nombreuses que les bonnes résolutions. L’équivalent du régime ou de l'arrêt du tabac pour un pays s'appelle la consolidation fiscale. Mais les efforts en ce sens se sont faits particulièrement rares ces dernières années. La crise du Covid et la crise énergétique ont créé de gigantesques trous dans les budgets à travers le monde, qui n'ont pas vraiment été comblés dans les années qui ont suivi. Cette année, un pays comme les États-Unis devrait ainsi afficher un besoin de financement de – tenez-vous bien – 4 000 milliards de dollars. Le Trésor américain démarrera déjà cette semaine, avec des émissions sur trois, dix et trente ans. En Europe, le signal de départ a été donné par la Slovénie et le Portugal. Aujourd'hui, c'est au tour de l’Italie et de notre pays.

En termes de besoins de financement historiquement élevés, la Belgique ne fait pas exception. Cette année, l’Agence fédérale de la dette entend lever pas moins de 53 milliards d'euros sur le marché. Et pour rappel, elle ne pourra plus compter sur la générosité de la BCE. Depuis le début de l’année passée, cette dernière a en effet commencé à réduire l’un (le plus grand) de ses deux portefeuilles obligataires. Et à partir du second semestre, elle en fera de même avec son portefeuille créé pour faire face à la pandémie. Avec les fonds qui doivent être levés, le Trésor couvrira en premier lieu un trou budgétaire d’environ 22 milliards d'euros. Plus de 29 milliards d'euros seront utilisés pour le refinancement des obligations qui arrivent à échéance. L’émission et le roulement des dettes se feront dans un contexte de taux sensiblement plus élevés (mais, au bout du compte, à un niveau tout à fait normal). Le ratio des charges d'intérêts par rapport au PIB est ainsi reparti à la hausse l'année dernière (de 1,5 % à 1,9 %) après plusieurs décennies de baisse. Selon le Trésor, cette tendance se poursuivra au moins jusqu’en 2025.

Pour répondre concrètement au besoin de financement, la Belgique se tourne traditionnellement surtout vers les obligations classiques (OLO) destinées aux investisseurs professionnels. Le Trésor vise ici un montant de 41 milliards d'euros, avec la possibilité de deux milliards supplémentaires. Dans la pratique, cela se fera de deux manières. D'une part, avec l’émission de dettes dans le cadre d'une obligation déjà existante, à des conditions naturellement adaptées à l'évolution du marché. Et d'autre part, avec la création d'une toute nouvelle ligne. C’est par exemple ce que le Trésor a fait ce matin avec l’OLO 100 à dix ans. L’Agence de la dette prévoit encore deux émissions de ce type cette année, avec des durées présumées de cinq ou six ans et 20 ans. Le Trésor s'adressera aussi aux particuliers avec deux milliards d'euros d'emprunts à long terme.

Les lecteurs attentifs auront sans doute remarqué qu'il manque encore huit milliards. L’Agence de dette travaillera ici avec des instruments à court terme, en utilisant par exemple l’excédent de trésorerie structurellement plus élevé. En tant que particulier, vous aurez une seconde chance de témoigner votre confiance dans l’État belge. Le bon d’État à un an fiscalement intéressant émis l'année dernière avait permis de récolter la somme significative de 22 milliards d'euros. Au moment de l’échéance (en septembre), le Trésor s'attend donc à une sortie de trésorerie importante. Pour compenser cela, il compte émettre un nouveau bon d’État similaire pour un montant de 13,5 milliards d'euros. Si la Belgique souhaite à nouveau le faire en offrant un avantage fiscal, cette émission devra être effectuée avant le 30 juin.

Profil des échéances de la Belgique. En milliards d’euros.

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