Les payrolls et Powell font grimper les taux et le dollar

Les marchés

Mercredi dernier, le président de la Fed avait déjà démenti le scénario agressif adopté par les investisseurs, qui misaient sur un premier abaissement des taux en mars et un total de 6 abaissements (de 25 pb) en 2024. La semaine dernière, le marché ne s’était pas laissé convaincre. Mais à force de répétition, le message finit par passer. Sans compter l’étonnant rapport sur le marché de l’emploi aux États-Unis.

En janvier, pas moins de 353 000 nouveaux emplois ont été créés. Compte tenu de la révision à la hausse des chiffres de novembre et de décembre (total: 126 000 emplois de plus qu’estimé), le consensus du marché (+185 000) est dépassé de loin. En outre, les chiffres ont fait l’objet d’une révision plus approfondie qui révèle que les payrolls ont augmenté en moyenne de quelque 30 000 unités par mois au deuxième semestre 2023. On peut dire que le marché de l’emploi américain tourne à plein régime! Quant au taux de chômage, il s’est stabilisé à 3,7% après le rebond de décembre, avec un taux de participation stable (62,5%). Last but not least, la pression salariale s’est accélérée de manière inattendue pour atteindre 0,6% en glissement mensuel (consensus: 0,3%) et 4,5% en glissement annuel (consensus: 4,1%).

Après les payrolls, hier, CBS a diffusé en prime time une interview enregistrée avec le président de la Fed, qui a de nouveau souligné qu’il était très peu probable que la Fed abaisse déjà ses taux en mars. En voix off, le présentateur a même suggéré que Powell envisageait d’attendre jusqu’au ‘milieu de l’année’ pour lancer le cycle des taux. Cela signifie que le taux directeur resterait également inchangé en mai… Enfin, le président de la Fed a ajouté que les chiffres publiés depuis les prévisions de décembre n’étaient pas de nature à modifier le consensus, arrêté à ‘seulement’ trois abaissements de taux cette année. Indépendamment de la croissance plus robuste et du marché du travail plus solide, la Fed veut voir l’inflation évoluer durablement vers l’objectif de 2%. Powell répète que la banque centrale doit résister à la tentation de crier victoire trop vite. Vu le risque inflationniste, à l’heure où l’inflation dépasse toujours 2%, ce serait la plus grande erreur de politique qu’elle puisse commettre. Depuis le symposium de Jackson Hole en 2022, Powell insiste sur ce point et évoque souvent le parcours d’un ancien président de la Fed, Arthur Burns. À l’époque, des baisses de taux prématurées ont contribué au choc inflationniste de la fin des années 70 et du début des années 80.

Là où l’annonce de la Fed avait échoué, la combinaison de la publication des payrolls et de la diffusion de l’interview a eu l’effet attendu. Depuis jeudi soir, les taux américains ont grimpé de 15 pb (30 ans) à 25 pb (3 ans). Pour la première fois depuis fin novembre, le marché des taux doute même du scénario d’une baisse en mai (probabilité de 75%). D’ici fin 2024, il tient désormais compte de 4 ou maximum 5 abaissements. Le dollar profite du soutien des taux. À la fin de la semaine dernière, le cours EUR/USD a clôturé en dessous du seuil de 1,08 pour la première fois depuis mi-décembre. Ce matin, il se replie vers la zone de support de 1,0724/12. Vu les complications dans l’environnement de risque et la faiblesse de l’euro, en cas de rupture à la baisse, le plancher de 2023 (à 1,0448) pourrait être rapidement atteint.

Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC

 

Reprise du taux américain à 2 ans après la publication des payrolls et l’interview avec le président de la Fed

Bron: Bloomberg

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