La CNB prête à ralentir le rythme de son cycle
Alas, trois fois hélas. Lors de la réunion de politique de mai, la banque centrale tchèque (CNB) avait annoncé une possible rupture avec les baisses de taux de 50 points de base devenues la règle depuis le début de l’année. En mai, la CNB avait surtout mis en avant la faiblesse relative de la monnaie, la révision à la hausse de la trajectoire attendue des taux, le taux neutre plus élevé (plus de 3 %) et l’accroissement des risques d’inflation, ce qui avait poussé le marché à anticiper une baisse de taux de 25 pb, à l'image de ce que fait la banque centrale hongroise. La semaine dernière, le président (Alas) et la vice-présidente (Zamrazilova) de la banque ont semé le doute par rapport à ce positionnement de marché, avec une idée en tête visiblement. Pour la quatrième fois consécutive, la CNB a réduit son taux directeur de 50 points de base, à 4,75 %. Dans son communiqué, la banque évoque au moins un ralentissement et éventuellement même une pause plus longue du cycle baissier.
La décision d'hier n'a pas été prise à l'unanimité. Deux des sept membres ont en effet voté en faveur d’un rythme plus lent de 25 points de base. Dans l’ensemble, l’économie tchèque a évolué comme cela avait été prévu en mai. La croissance de 0,3 % du PIB en glissement trimestriel est surtout à mettre au compte des consommateurs, sur fond d'investissements des entreprises très décevants. La vigueur du marché du travail et la croissance légèrement plus élevée des salaires encouragent les ménages à dépenser. L’inflation s’est encore éloignée de l’objectif de 2 %, mais reste dans la marge de tolérance (1 point de pourcentage) autour de cet objectif (2,6 % en glissement annuel). Les risques de hausse de l'inflation continuent de dominer. Mis à part le ralentissement de la croissance (tant au niveau global que pour ce qui concerne la partie liée à l’industrie allemande) qui pointe dans l'autre sens, citons parmi les risques majeurs la pression sur les salaires, l’inflation persistante des services dans le pays, la stabilisation plutôt que la poursuite de la désinflation des prix des marchandises et la reprise (alimentée par le crédit) du marché résidentiel.
La couronne tchèque a cédé du terrain après la décision de la CNB. Pour la première fois depuis début mai, le cours EUR/CZK a de nouveau dépassé la barre de 25. D’un point de vue technique, 25,14 (reprise de 62 % par rapport à la baisse du cours cette année) constitue la dernière barrière avant un retour au sommet de l'année de 25,52. Nous ne tablons toutefois pas sur une telle évolution. La couronne tchèque bénéficie toujours d’un soutien considérable des taux réels et cela ne changera pas cette année. Même si la CNB abaisse encore plusieurs fois son taux directeur de 25 points de base cette année, le taux restera largement supérieur au niveau de l’inflation (3 % en glissement annuel attendu à la fin de cette année). Du côté de l’euro, nous envisageons probablement encore deux réductions de taux de la BCE. En outre, la monnaie unique aura encore d’autres chats à fouetter à court terme. L’incertitude politique après le premier tour des élections législatives françaises de dimanche sera vraisemblablement encore plus forte qu’elle ne l’est actuellement.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC