Glapinski n’est pas Saint-Nicolas
Le zloty polonais a le vent en poupe ces derniers temps. et a laissé les autres devises d’Europe centrale loin derrière lui cette année. Il a facilement gagné 7 % par rapport à l'euro. En comparaison, le forint hongrois s'est apprécié de 4,5 % et la couronne tchèque a même reculé de 0,7 %. La majeure partie de l'appréciation du zloty a eu lieu après la victoire aux législatives de mi-octobre de la coalition d'opposition pro-européenne, emmenée par l’ancien président du Conseil européen, Donald Tusk,. Avant le scrutin, la banque centrale polonaise (NBP) avait encore porté un coup à la monnaie en abaissant brusquement ses taux de 75 points de base. Une autre baisse d'un quart de point de pourcentage avait encore été réalisée début octobre. Lors de la première réunion qui s’est tenue après les élections, la banque centrale a tout aussi soudainement de nouveau changé son fusil d’épaule. Une décision prise de mauvais cœur qui est difficile à dissocier du contexte politique : la NBP porte la marque à peine cachée du parti PiS sortant.
Dans ce contexte, le statu quo décidé lors de la dernière réunion de l’année n’a surpris personne. Pas de cadeaux de Saint-Nicolas ; le cycle d’assouplissement est provisoirement bloqué à un taux directeur de 5,75 %. Il faut dire que la NBP utilise la situation politique de façon magistrale. Le fait que sa némésis politique formera bientôt un gouvernement ne compte pas. C’est l’incertitude autour de la future politique (budgétaire) qui pousse à une certaine prudence, surtout en combinaison avec l'abaissement de taux déjà effectué précédemment. En fait, il ne s'agit même pas d'un faux argument en soi.
L’analyse de l’activité économique est double. Le PIB a progressé de 1,5 % en glissement trimestriel au cours du trimestre écoulé et fait suite à une importante révision du chiffre du deuxième trimestre, avec une expansion à la place d'une forte contraction. De plus, le marché du travail résiste bien. L’emploi demeure provisoirement élevé. La NBP affirme toutefois que les dernières données publiées pointent plutôt un affaiblissement de la demande. Ce ralentissement de l'activité devrait permettre à l'inflation de continuer à baisser. En novembre, la pression sur les prix ne s’est que très légèrement atténuée, de 6,6 % à 6,5 %, la hausse des coûts de l’énergie ayant compensé la baisse généralisée des autres composants.
La NBP estime que la devise a entre-temps atteint un niveau qui soutient le processus de désinflation. Lors de la conférence de presse d’hier, Glapinski a qualifié le cours du zloty de « favorable ». Jusqu’au mois dernier, il semblait que la valorisation du zloty ne correspondait pas aux fondamentaux sous-jacents. Le petit rebond de décembre fait suite à un nouveau renforcement du PLN à des niveaux proches de ceux d’avant la pandémie, autour de EUR/PLN 4,33. Le zloty vient donc de tourner la page du Covid, comme la couronne tchèque l'avait fait avant lui. Le forint a encore un long chemin (irréalisable ?) à parcourir (EUR/HUF <340 par rapport à 380+ aujourd’hui).
Selon nous, la monnaie polonaise pourrait provisoirement se maintenir aux niveaux actuels. La formation (en cours) d’un gouvernement pro-européen constitue un facteur de soutien important. Si l'on en croit la communication de la banque centrale, le prochain abaissement de taux aura lieu au plus tôt en mars, si les nouvelles prévisions le permettent. Le zloty profite en outre de l'important repositionnement observé sur le marché des taux mondial, qui crée également un climat favorable au risque.Sur le marché, les risques les plus importants pour le PLN sont à court terme en cas de mouvement inverse (inévitable ?). À plus long terme, nous sommes optimistes et une rupture du cours EUR/PLN en dessous de la zone critique de 4,30 n’est pas exclue. Cela ouvrira dans un premier temps la voie vers le seuil de 4,20.