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Pleins feux sur Threadneedle Street ce jeudi

Les marchés

Hier, nous avons déjà évoqué la réunion de la Réserve fédérale qui aura lieu ce mercredi. Il est pour ainsi dire certain que celle-ci va donner le coup d'envoi du cycle de taux. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur un autre acteur du monde anglo-saxon : le Royaume-Uni. La Banque d’Angleterre tiendra en effet sa deuxième réunion de politique de l’année ce jeudi.

Parmi les trois banques centrales les plus populaires de la planète (Fed, BCE et BoE), la Britannique a été la première à se lancer dans la lutte contre l'inflation tenace. En décembre de l’année dernière, elle a relevé une première fois son taux directeur de 0,10 % à 0,25 %. En février de cette année, elle a procédé à un nouveau rehaussement de 25 points de base (le taux a même failli être relevé de 50 pb). Cette hausse à 0,50 % a déclenché la deuxième phase du programme, à savoir la réduction naturelle du bilan par l'arrêt des réinvestissements des fonds provenant des obligations arrivées à échéance. Jeudi, « la vieille dame de Threadneedle Street » procédera vraisemblablement à un nouveau resserrement de 25 pb. La banque n'avait plus effectué trois hausses consécutives de taux depuis 1997, juste après l'obtention de son indépendance.

Les circonstances actuelles sont tout aussi exceptionnelles. En janvier, l’inflation moyenne a atteint 5,5 % en glissement annuel au Royaume-Uni. Les prix n'avaient plus grimpé à ce point depuis 1992. Et le constat est le même pour l’inflation de base (4,4 % en glissement annuel). Dans ses prévisions de février, la Banque d’Angleterre voyait encore l’inflation culminer à 7,25 % (avril). Mais c’était avant que la Russie n’envahisse l'Ukraine. Depuis, nous ne pouvons que constater l'impact de cette guerre sur les matières premières, dont le pétrole et le gaz. La Banque d’Angleterre s’inquiète déjà depuis un certain temps du niveau élevé de l’inflation. Elle craint surtout que celle-ci s'enracine dans l'esprit des gens et des marchés. Les prévisions d’inflation financières ont, par exemple, atteint des niveaux historiquement élevés de plus de 4,5 %. La semaine dernière, la BoE a publié les résultats de l’enquête mensuelle menée auprès des ménages britanniques. La hausse des prix attendue pour les 12 prochains mois a grimpé à son niveau le plus élevé depuis 2008 (4,3 %). Une autre enquête réalisée le mois dernier a révélé que les employeurs britanniques envisageaient d’augmenter les salaires d’environ 5 % cette année. Les chiffres officiels publiés ce matin font d’ores et déjà état d’une nouvelle accélération de la croissance salariale en janvier (4,8 %). Tous les autres éléments du rapport sur le marché de l’emploi, dont le taux de chômage (3,9 %) et une estimation provisoire des créations d'emplois en février (275 000), plaident en faveur d’une poursuite de la normalisation de la politique.

Dans quelle mesure les taux pourraient-ils encore être relevés après jeudi ? Si les marchés pouvaient décider, le taux directeur tournerait autour de 2,25 % au premier semestre de 2023. Il est peu probable que la BoE s'engage sur cette voie. Ce scénario ne tient pas compte des conséquences négatives que l’inflation a déjà aujourd’hui sur le pouvoir d’achat et l’économie, des retombées de la guerre en Ukraine et des hausses d’impôts prévues qui, selon un groupe de réflexion britannique, pourrait faire grimper la facture des ménages de 3 000 livres d’ici 2027. Cette position trop agressive du marché, l'assombrissement des perspectives économiques et l’incertitude générale rendent la monnaie britannique vulnérable. Après avoir été fortement secoué, le cours EUR/GBP s’est redressé ces derniers jours, mais reste tout de même largement inférieur à sa valeur fondamentale. D’autant plus que la BCE a officialisé le virage de sa politique la semaine dernière. Nous pensons que le cours EUR/GBP pourrait continuer de se redresser dans les mois à venir.

EUR/GBP : encore du chemin à parcourir après le récent rebond.

Bron: Bloomberg

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