La confiance des consommateurs belges en chute
En mars, l’invasion russe en Ukraine et l’inflation élevée ont ébranlé la confiance du consommateur belge. L’indicateur s’est replié de pas moins de 17 points (voir graphique). C’est autant qu’en avril 2020, au début de la pandémie, et la plus forte baisse mensuelle depuis le début de l’enquête en 1985. Le consommateur devient beaucoup plus pessimiste par rapport à sa situation financière, sa capacité d’épargne et la situation économique générale dans les 12 prochains mois.
Dans quelle mesure cette perte de confiance est-elle une mauvaise nouvelle pour la poursuite de la reprise de l’économie belge après la pandémie? La consommation privée, qui représente environ la moitié du PIB en Belgique, a émergé de la dépression due au coronavirus au cours de l’année 2021 grâce à la normalisation du taux d’épargne des ménages. Toutefois, au quatrième trimestre, une nouvelle vague de Covid a de nouveau rendu la croissance de la consommation légèrement négative. Dès ce moment, l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur le revenu disponible et les inquiétudes des ménages – surtout ceux à bas et à moyens revenus – a probablement commencé à saper la consommation. À présent, la guerre et la flambée de l’inflation menacent de miner davantage la reprise. Deux canaux ont une incidence sur la consommation. Premièrement, si la confiance des Belges reste en berne, par exemple parce que le conflit en Ukraine s’éternise, cela pourra entraîner une augmentation de l’épargne de précaution et donc une diminution des dépenses. Deuxièmement, la hausse des factures d’énergie et des prix des biens de consommation plus généralement peuvent éroder le pouvoir d’achat. Le mécanisme d’indexation des salaires protège certes le pouvoir d’achat, mais il ne compense pas entièrement les hausses de prix et n’agit qu’avec retard.
Perte de croissance
Dans la dernière mise à jour de notre scénario économique, nous considérons que la dynamique de croissance de la consommation restera faible au cours des prochains trimestres, pour les raisons évoquées. C’est notamment pour cela que nous avons fortement réduit nos prévisions de croissance de l’économie belge, à 2,1% en 2022. Ce pronostic est cependant à prendre avec des pincettes, encore plus que d’habitude, principalement en raison des aléas du conflit en Ukraine. Une escalade compromettrait davantage la confiance et limiterait ainsi encore plus la croissance du PIB, et inversement.
Pour l’instant, il ne convient pas d’être trop négatifs. La situation liée au coronavirus étant (provisoirement) sous contrôle, la réouverture de l’économie poussera l’activité à la hausse. En outre, les autorités ont récemment pris des mesures pour atténuer les conséquences de la hausse des prix de l’énergie pour les ménages. Enfin, il faut se garder de tirer des conclusions trop fermes sur la base de données d’enquête. Nous savons que la confiance des consommateurs n’entretient pas toujours un lien direct avec la consommation effective. Outre les influences économiques, d’autres facteurs (psychologiques) peuvent rendre cet indicateur assez volatil. Pendant la pandémie, il s’agissait de la situation sanitaire générale et des restrictions de vie. Cette fois-ci, la détresse humaine en Ukraine a certainement un impact important.