Avance solide pour Macron
Les élections présidentielles françaises s’annoncent comme une tempête dans un verre d’eau. Le 3 avril, les Français se rendront aux urnes pour un premier tour ou “tri” des candidats à la présidence. Et le 24 avril, les deux candidats retenus s’engageront dans un duel pour déterminer qui occupera l’Élysée pour les cinq prochaines années (à partir de mai 2022).
Par contraste avec de nombreuses campagnes précédentes, la tension s’est dissipée avant même que la campagne électorale n’ait vraiment commencé. Pourtant, les candidats ne manquent pas: du polémiste d’extrême-droite Eric Zemmour à une gauche désespérément divisée avec Mélenchon, Hidalgo ou Jadot, en passant par Valérie Pécresse (Les Républicains), tous briguent la plus haute fonction de France.
Or, malgré des campagnes acharnées, il semble improbable que l’un ou l’une d’entre eux l’emporte. Le modèle électoral de The Economist donne à Macron 99% de chances de survivre au premier tour (la perfection n’existe pas) et 97% de chances d’être réélu au second tour. Les derniers sondages le confirment: selon le sondage Ifop-Fiducial (voir graphique), plus de 30% des électeurs voteraient pour Macron (et 20% pour Le Pen) au premier tour. Selon des sondages analogues, tant Le Pen que Pécresse devraient s’incliner face à Macron au second tour.
Prime de stabilité
En cette période troublée, l’avance du président français en fonction n’a rien d’étonnant. La pandémie de COVID est opportunément (et temporairement?) écartée, tandis qu’une politique interventionniste active (financée par la dette?) protège en partie les Français des effets de l’inflation dévastatrice (des prix de l’énergie) qui frappe la plupart des pays européens. Autant de raisons, donc, pour l’électeur français d’accorder un vote de confiance à Macron. En outre, les périodes d’incertitude entraînent généralement un effet de ralliement national, qui se traduit par une prime de stabilité pour le dirigeant en place – un dividende que Macron, très actif sur la scène politique internationale, est clairement en train d’encaisser. Depuis l’invasion russe, le président en exercice a gagné environ six points de pourcentage (pris à Zemmour et à Pécresse), ce qui le rend pour l’heure inattaquable.
Politique
Quel programme économique et financier souscrit-on en votant pour Macron? La question reste quelque peu en suspens, car la publication d’un programme économique complet se fait encore attendre. Mais dans sa lettre aux Français, Macron lève déjà une partie du voile: hausse de l’âge légal de la retraite, réduction des impôts sur le travail et la production, augmentation des investissements dans l’énergie non fossile (y compris le nucléaire) et dans la recherche. Néanmoins, il est douteux que tous ces projets puissent être réalisés dans le respect de la norme budgétaire de 3%. En outre, cela dépendra aussi des élections parlementaires de juin.
Hans Dewachter, KBC Group Chief Economist