Après l'avoir postposé, la BoC entame son cycle de taux

Les marchés

Alors qu'elle privilégiait encore une position attentiste en janvier, la Banque du Canada (BoC) a décidé d'agir hier. Elle a ainsi relevé son taux directeur pour la première fois depuis le début de la reprise post-pandémie. Son taux principal a été rehaussé de 25 points de base à 0,50 %. La BoC a par ailleurs indiqué que d’autres hausses de taux suivraient. En ce qui concerne son bilan, la banque centrale a fait savoir en janvier qu’elle envisagerait sa réduction naturelle - à savoir le non-réinvestissement des obligations arrivées à échéance - dès que le premier mouvement de taux aurait été opéré. Elle maintient cette ligne dans le communiqué d’hier.

Le début de la normalisation était attendu.L’inflation canadienne est depuis longtemps largement supérieure à l’objectif de 1-3 %. En janvier, les prix ont connu leur plus forte accélération depuis 1991 (5,1 % en glissement annuel). Les différents indicateurs de l’inflation de base affichent une hausse des prix comprise entre 2,3 et 4 % en glissement annuel. Selon la BoC, l’inflation ne cesse de s’étendre. La crainte est que la persistance d’une inflation élevée fasse grimper les attentes à long terme et génère des effets de second tour. La banque centrale évoque également l’Ukraine. L’impact sur les prix de l’énergie et de l’alimentation, entre autres, ne fait qu'attiser la dynamique de l'inflation sous-jacente, pourtant déjà vigoureuse.

Par rapport aux répercussions économiques du conflit géopolitique, la BoC reste pour le moment vague. La situation constitue évidemment une grande source d’incertitude. La guerre pourrait peser sur la croissance mondiale à cause d’une confiance en berne et d’une nouvelle aggravation des perturbations dans les chaînes de production. Concernant la croissance canadienne en particulier, la banque se montre en revanche très positive. En janvier, la BoC avait déjà constaté que les capacités excédentaire avaient été résorbées. Il s’agissait de la condition sine qua non pour entamer le cycle de resserrement. Avec une croissance trimestrielle meilleure que prévu de 6,7 % au quatrième trimestre (taux annualisé) l’année dernière, la BoC a encore vu sa position confortée. Le premier trimestre de 2022 s'annonce également solide pour le moment. Omikron (vous vous rappelez ?) a entraîné un léger recul sur le marché de l’emploi canadien en début d’année, mais il n’a laissé que peu de traces sur la consommation et ce, de manière temporaire.

La Banque du Canada s’apprête à procéder à une série de relèvements des taux. Après la décision d’hier, le marché table encore sur cinq hausses supplémentaires, de 25 points de base chacune. Il est très probable que le cycle sera complété par une réduction passive du bilan à partir de la réunion d’avril. Le lancement postposé du cycle de taux a poussé les taux (swaps) canadiens à des niveaux à deux chiffres. Le dollar canadien a accueilli la nouvelle favorablement, même s’il profite déjà depuis longtemps de la hausse quasi ininterrompue du prix du pétrole, du moins vis-à-vis de la monnaie unique européenne. Le cours EUR/CAD est tombé à un nouveau plancher inédit depuis plusieurs années, proche de 1,40, et poursuit sa descente aujourd’hui. Les dégâts sur la paire USD/CAD (en dessous de 1,27) sont restés limités. Au vu du positionnement actuel du marché et du contexte général, le CAD ne devrait en principe plus vraiment progresser à court terme, notamment vis-à-vis du dollar US. Par rapport à l'euro, le loonie a en revanche le dessus, tant d'un point de vue technique que sur le plan fondamental (report de la normalisation de la BCE ?).

La flambée des prix pétroliers et le relèvement de taux de la BoC poussent le cours EUR/CAD sous la barre de 1,40.

Bron: Bloomberg

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