Glapinski fait grimper le zloty

Cette rubrique est placée sous le sceau des banques centrales depuis le début de la semaine. Difficile de faire autrement après les événements de la fin de la semaine dernière, en particulier concernant la BCE. Nous nous concentrons encore aujourd’hui sur la politique monétaire, mais nous tournons cette fois notre regard vers l’est. La réunion de politique de la banque centrale polonaise (NBP) de ce mardi n’a, dans un premier temps, pas vraiment marqué les esprits. L’économie se porte bien, le marché de l’emploi profite et les salaires augmentent. L’inflation s’est accélérée à 8,6 % en décembre, soit bien au-delà de l’objectif de 2,5 %, même en tenant compte de la marge de tolérance de 1 pp. Certains facteurs de cette inflation proviennent de l'extérieur, comme les prix de l’énergie et les perturbations tenaces dans les chaînes d'approvisionnement, et devraient disparaître avec le temps. D’autres sont dus à des évolutions au sein même du pays, comme la croissance des salaires, et la NBP s'y attaque à coup de hausses de taux. Ainsi, le taux directeur a encore été relevé de 50 points de base ce mardi et s’élève à présent à 2,75 %. Subsiste toutefois le risque que l’inflation reste supérieure à l’objectif tout au long de l’horizon de politique. En d'autres termes, d'autres hausses sont à prévoir. À la fin de la déclaration qui accompagne la décision, un ajout explique subtilement qu’un renforcement de la monnaie cadrerait avec l’orientation de la politique monétaire. Le marché des changes n’a pas vraiment relevé et le zloty n'a que légèrement progressé, à EUR/PLN 4,528 . Cela a eu lieu hier, pendant la conférence de presse du gouverneur de la NBP, Adam Glapinski.
Selon les propres dires de Glapinski, la colombe s’est transformée en faucon. Le gouverneur de la banque trouve la croissance forte, voire trop forte, ce qui génère trop d’inflation. Celle-ci dépassera encore 5 % en 2023. Le taux directeur constitue l’instrument principal dans une économie en surchauffe avec une inflation galopante. Il ne fait aucun doute que la NBP relèvera son taux à au moins 4 %. Selon elle, cela ne nuira pas à la croissance. Glapinski estime personnellement que le taux pourrait même être rehaussé davantage, mais cela est encore sujet à débat. Il est toutefois certain que la tâche de la banque centrale deviendra un peu plus facile avec une devise forte. Glapinski l'a souligné à plusieurs reprises. Malgré sa récente appréciation autour de EUR/PLN 4,55, le zloty reste faible d'un point de vue historique. Une véritable épine dans le pied de la banque centrale. "Plus le zloty sera fort, mieux ce sera". Le discours était encore bien différent il n'y a pas si longtemps. La banque centrale envisage même de ne plus agir en coulisses, mais de convertir les fonds européens reçus par la Pologne directement en zloty via le marché des changes. La devise a, par conséquent, fortement rebondi et a atteint son niveau le plus élevé depuis juin 2021. Le cours EUR/PLN a clôturé la séance au-dessus de l’important niveau technique de 4,50.
La politique monétaire et les taux de change fonctionnent théoriquement comme des vases communicants : une devise forte pèse sur l’inflation (importée), ce qui réduit le besoin d’une politique monétaire stricte. Ce n’est évidemment pas le cas lorsque l’inflation affiche pratiquement un taux à deux chiffres. C’est ce que la NBP a voulu préciser. Nous pensons que le taux directeur atteindra un pic de 4 % à la fin de cette année. Le marché est plus ou moins sur la même longueur d'onde. À l’heure actuelle, le risque porte sur une politique encore plus restrictive. Le zloty profite du momentum technique. Le prochain niveau de support du cours EUR/PLN (résistance pour le zloty) se situe à 4,47, puis à 4,43. Précisons toutefois que la devise polonaise n’est pas en hausse structurelle et est confrontée à des taux (réels) toujours plus élevés dans les grands pays et à un climat de risque plus volatil.
EUR/PLN : le zloty franchit le niveau de support de 4,50. La NBP veut une devise plus forte.
