Le taux directeur de la CNB se rapproche de/atteint (*) son pic
Demain, nous manquerons de place dans cette rubrique pour commenter les décisions des banques centrales européenne, britannique et tchèque. Par conséquent, nous vous fournissons dès maintenant, en avant-première, une synthèse de la réunion de la CNB de cet après-midi. Ce soir, vous n’aurez qu’à biffer les mentions inutiles (*) et demain, vous aurez deux rapports pour le prix d’un. De rien, cela nous fait plaisir!
La banque centrale tchèque a entamé son cycle de resserrement en juin 2021. Depuis lors, elle n’a sauté aucune réunion. Nous observons la même stratégie dans d’autres pays d’Europe centrale et des pays émergents. Une fois que le train des taux a démarré, il est difficile de l’arrêter. Et il a plutôt tendance à accélérer qu’à ralentir… C’est le modèle du cycle des taux qui sera appliqué cette année au Royaume-Uni, aux États-Unis et même, en définitive, dans l’UEM: serré et ambitieux, pour pouvoir faire face à l’inflation excessive. Le taux directeur des trois grandes banques centrales devrait déjà atteindre son pic au premier semestre de 2023. Pour certains pays d’Europe centrale, le pic est pratiquement déjà là: la CNB l’estime aux alentours de 5%. Or, après les 75/100 (*) points de base d’aujourd’hui, nous en sommes à 4,5%/4,75% (*). Ce relèvement des taux d’intérêt est conforme aux attentes, mais implique que le marché maintiendra une forte pression pour un dernier relèvement des taux plus modeste (+50 pb) le 31 mars./Comme en septembre, novembre et décembre, le relèvement des taux d’intérêt est plus important que prévu. C’est une bonne démarche tactique de la part de la CNB. Après un pic en janvier (aux alentours de 10% en glissement annuel), elle s’attend à ce que l’inflation commence à se refroidir. D’ici à la réunion de fin mars, le momentum de l’inflation sera enfin de son côté et grâce au taux directeur légèrement plus élevé, elle pourra rester dans l’expectative. (*) À partir du second semestre de 2022, l’effet des relèvements cumulatifs des taux d’intérêt sur l’inflation sera de plus en plus marqué. C’est pourquoi la CNB accorde désormais plus d’importance aux prévisions d’inflation de 2023 qu’à celles de 2022. À cet égard, selon ses nouvelles projections, l’inflation retombera à l’objectif de 2% au milieu de l’année prochaine.
Une fois cette dynamique baissière lancée, la CNB pourra rapidement (dès cette année) changer son fusil d’épaule. À l’heure actuelle, la politique monétaire est particulièrement restrictive au regard d’un taux directeur neutre d’environ 3%. Exposer trop longtemps l’économie à des taux aussi élevés peut avoir des conséquences néfastes. Nous ne serions donc pas étonnés si la possibilité d’abaissements des taux était évoquée avant la fin de l’année en Tchéquie.
Dans une réaction “buy the rumour, sell the fact” des marchés, la couronne tchèque a perdu du terrain. Néanmoins, le niveau de support de EUR/CZK 24,20 tient bon. Vu le soutien apporté par le biais des taux, il nous semble que la correction à la baisse de la CZK (hausse du cours EUR/CZK) ne soit pas faite pour durer./La couronne tchèque poursuit son ascension. Le cours EUR/CZK est retombé à son niveau le plus bas depuis septembre 2011. En fait, le plancher de début 2011 se rapproche rapidement (EUR/CZK 23,94). Là encore, cela témoigne d’une approche intelligente de la part de la CNB: le taux de change robuste entraîne à son tour un léger resserrement des conditions monétaires et indique que nous avons atteint le pic du taux directeur. (*)
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC