La Tchéquie, la Pologne et la Hongrie toujours en croisade contre l’inflation
Hier, la banque centrale polonaise (NBP) a comme prévu relevé son taux directeur de 1,75% à 2,25%, le niveau le plus élevé depuis juin 2014. Dans sa déclaration de politique, la NBP n’impute plus principalement la hausse de l’inflation à des facteurs temporaires (hausse des prix de l’énergie, perturbation des chaînes d’approvisionnement, etc.). Une croissance intérieure vigoureuse, soutenue par la consommation, et un marché du travail serré contribuent tout autant à l’inflation actuelle et aux risques d’inflation futurs. En novembre, l’inflation polonaise s’élevait à 7,8% en base annuelle – bien au-dessus de l’objectif de 2,5% (± 1%) – et pourrait même dépasser les 10% au cours des prochains mois! Le gouverneur Glapinski et ses collègues signalent dès lors clairement que des relèvements supplémentaires des taux d’intérêt seront à l’ordre du jour dans les prochains mois afin d’ancrer les anticipations inflationnistes et de ramener l’inflation à 2,5%. Hier, le zloty polonais a clôturé la séance à son cours le plus élevé par rapport à l’euro depuis la mi-octobre (EUR/PLN 4,57). Cette hausse est principalement intervenue à l’approche de la réunion, grâce au climat de risque européen positif. Ensuite, la devise polonaise est restée dans l’expectative. Le relèvement des taux d’intérêt était déjà intégré dans les cours, mais le ton un peu plus agressif de la déclaration a fait office de contraste. Le taux directeur réel polonais reste cependant fortement négatif. Dans ce contexte, il est difficile de voir comment le PLN pourrait engranger des gains importants/persistants.
Pour un exemple, tournons-nous vers les performances de la couronne tchèque. En 2021, la devise n’a que modérément, voire pas du tout profité du début (prudent) du cycle de resserrement tchèque. Et puis, juste avant Noël, cela a changé. La banque centrale tchèque (CNB) a relevé son taux directeur plus que prévu (+100 pb), à 3,75%. Elle a en outre admis que les prévisions d’inflation publiées dans le rapport de politique de novembre étaient déjà dépassées. Le sommet attendu du cycle des taux sera donc supérieur aux 3,75%-4% prévus à l’époque. Les taux à court terme du marché monétaire tchèque tiennent même compte d’un pic à 5%! Après l’approche agressive/restrictive de la CNB, la couronne tchèque a brisé ses chaînes. Le cours EUR/CZK est passé successivement sous la barre psychologique de 25 et le niveau de support de 24,77 (plancher de 2020). Actuellement, la couronne s’échange au cours le plus élevé par rapport à l’euro depuis 2012 (EUR/CZK 24,60)! Les prochains seuils techniques sont le cours EUR/CZK 24,28 (plancher de 2012) et 23,94 (plancher de 2011).
Le forint hongrois ferme la marche. Après un test intensif de la zone de résistance de EUR/HUF 370, le forint respire enfin quelque peu. Dans un climat boursier favorable, le cours EUR/HUF se replie en direction de 362. Une pression moins forte sur le forint est aussi une bonne chose aux yeux de la banque centrale hongroise (MNB). Celle-ci utilise le taux d’intérêt de la facilité de dépôt hebdomadaire comme principal instrument de politique. La MNB a déjà relevé ce taux pendant 7 semaines consécutives, de 1,8% à 4%. Il se rapproche à nouveau du taux d’emprunt marginal (actuellement de 4,4%) qui fait office de plafond technique. Début décembre, la MNB a été contrainte d’intervenir dans l’intervalle (augmentation du plafond) afin de pouvoir poursuivre son cycle de taux hebdomadaire. Le mouvement du forint est donc plus que bienvenu: cela laisse de la marge pour suspendre le cycle de resserrement hebdomadaire et ouvre la perspective d’un canal des taux inchangé jusqu’à la prochaine réunion officielle le 25 janvier. Le HUF se trouve dans une situation similaire à celle du PLN.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC