COP26: la dernière chance?
Selon certains observateurs, la 26e Conférence des Parties (COP26), la réunion annuelle des pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, est la dernière chance de mettre (enfin) l’économie mondiale sur la voie de la neutralité nette des émissions d’ici 2050. D’après le dernier rapport du GIEC sur le climat et une étude récente de l’Agence internationale de l’énergie, c’est absolument indispensable. En effet, sur la base des efforts et des engagements actuels, l’objectif original de l’Accord de Paris sur le climat (COP21), qui est de limiter la hausse des températures à 1,5°C par rapport au niveau préindustriel, semble irréalisable. Les modèles climatiques prédisent au contraire que faute d’efforts supplémentaires, le seuil de 2°C (un “tipping point” ou point de basculement) sera atteint d’ici 25 ans. D’ici deux bonnes semaines, nous saurons si la COP26, qui commencera le 31 octobre à Glasgow, sera “the turning point of humanity”, comme l’espère Boris Johnson, ou un énième coup dans l’eau, comme beaucoup le craignent. Petit aperçu (incomplet) de quelques sujets pour le moins brûlants.
Mise à jour des objectifs
Un objectif important de la COP26 consiste à déterminer (et à rendre plus strictes) les Contributions déterminées au niveau national (CDN), les objectifs de réduction des émissions par pays. L’accord de Paris prévoit leur mise à jour quinquennale; elle aura lieu pour la première fois cette année, ce qui signifie que suffisamment de pays doivent s’engager. Les objectifs de l’UE sont indiqués dans sa proposition “Fit for 55” (55% de réduction d’ici 2030 et neutralité nette d’ici 2050); les États-Unis – le “fils prodigue” de la COP21 – visent également une réduction de 50 à 52% d’ici 2030 (bien qu’ils prennent le niveau de 2005 comme base). La Chine a elle aussi introduit des objectifs in extremis. Mais selon les nouveaux calculs des modèles climatiques, cela ne suffira pas à rester en deçà des 2°C. Il faut donc en faire plus, et d’urgence.
Le pollueur paiera-t-il?
Les économies émergentes et les pays en voie de développement jouent un rôle clé. Il est urgent d’écologiser la production d’énergie, encore principalement à base de charbon. Il est clair que ces pays ne sont guère disposés à renoncer à leur sécurité énergétique (abordable). En outre, les pays en voie de développement attendent toujours les 100 milliards de dollars annuels de soutien climatique promis, à payer par les économies avancées. Enfin, l’article 6 de l’Accord de Paris, qui prévoit des échanges d’émissions de carbone entre pays (une pratique déjà matérialisée dans le système “cap and trade” de l’UE), permettrait de limiter efficacement le réchauffement de la planète. Reste à savoir s’il est possible de réaliser des progrès concrets dans ce domaine…
Des gains rapides?
Il serait bon que la conférence puisse se prévaloir de succès concrets, comme un accord sur la réduction des émissions de méthane. À court terme, le méthane est en effet un gaz très polluant et un engagement mondial à cet égard, qui sera proposé par l’UE et les États-Unis, aurait plus qu’une valeur symbolique. À ce stade, il est difficile de dire si la COP26 sera un succès. La conférence ne démarre pas sous les meilleurs auspices: des dirigeants comme Putin ou Bolsonaro n’y assisteront pas et la présence de Xi Jinping est également mise en doute. Mais comme le disait un sage homme: l’optimisme est un devoir moral.