La banque centrale polonaise frappe fort
L’intuition était la bonne, mais le marché a tout de même été déçu. Hier, la banque centrale polonaise a effectivement procédé à une première baisse de son taux directeur. Au lieu de démarrer prudemment avec 25 points de base, la NBP a directement sorti les gros moyens et a porté son taux directeur de 6,75 % à 6 %. Le zloty l’a senti passer.
Cet après-midi, le président de la NBP, Adam Glapinski, aura l'occasion de s'expliquer plus en détail sur cette décision. Plusieurs déclarations vont certainement lui revenir en pleine figure. Tout d’abord, Glapinski avait lié le sort du taux directeur à une inflation inférieure à 10 % en septembre. En outre, lors de sa conférence de presse de juillet, Glapinski avait expliqué que son institution agirait comme une banque centrale traditionnelle et ferait preuve de prudence au moment de commencer à abaisser les taux.
La déclaration de politique faite hier permet déjà d'y voir plus clair sur les raisons de la décision qui a été prise. Le taux de l’inflation générale en Pologne est certes resté légèrement supérieur à 10 % en août, mais celui de l’inflation de base (10,6 % en glissement annuel en juillet), qui n'a pas encore été publié, sera probablement en dessous. Glapinski et ses collègues sont en outre convaincus que l’inflation diminuera encore plus rapidement que prévu dans les prochains mois en raison d'une demande économique beaucoup plus faible dans le pays. La croissance intérieure s’est effondrée au deuxième trimestre (-2,2 % en glissement trimestriel), et tant les chiffres objectifs (ventes au détail et production industrielle) que les enquêtes (indicateurs de confiance PMI) ne laissent guère présager d’amélioration pour le trimestre en cours. À cela s'ajoutent le ralentissement de la croissance mondiale et l’impact différé de la politique monétaire restrictive de l’année écoulée. Face à tous ces facteurs, la banque centrale est donc persuadée que l’inflation diminuera plus rapidement vers son objectif (2,5 % +- 1 %) et que le taux directeur peut donc aussi être abaissé. La suite des événements demeure incertaine. Le paragraphe de clôture met toujours en avant les données à venir comme des éléments déterminants pour les prochaines décisions. Le marché des taux polonais est encore à la recherche d’un nouvel équilibre et table actuellement sur un nouvel assouplissement de 25 points de base en octobre. Enfin, le communiqué de presse publié hier évoque toujours de possibles interventions sur les taux de change si nécessaire. Un renforcement du zloty pourrait en théorie encore accélérer le processus de désinflation.
Dans la pratique, la NBP ne peut pas grand chose contre la forte réaction du marché hier. Le cours EUR/PLN a franchi la limite supérieure de la fourchette de 4,40-4,50 de ces trois derniers mois, en direction de 4,60. D’autres pertes se profilent. Le cours EUR/PLN 4,59 représente le niveau de reprise de 38 % du rallye qu'a connu le zloty entre septembre de l’année dernière et cet été. Ensuite, le cours prendra la direction de 4,65 (reprise de 50 % et plancher de la fourchette entre le T3 22 et le T1 23).
Outre le zloty, la couronne tchèque et le forint hongrois ont également pris des coups. Le marché voit dans la décision de la NBP une sorte de signe avant-coureur pour les banques centrales tchèque et hongroise. En ce qui concerne l’ampleur de la première baisse de taux, tout le monde tablait jusqu’à présent sur une intervention de 25 points de base, surtout en Tchéquie. La paire EUR/CZK est passée de 24,25 à 24,40, le cours le plus bas de la couronne depuis octobre dernier. Le cours EUR/HUF est passé de 386 à 391.