Correction suite à des PMI décevants
Les indicateurs de confiance PMI globaux du mois d’août ont rappelé les marchés à l'ordre. Les précédents sommets cycliques résistent encore pour le moment. La déception est surtout de mise en Europe et au Royaume-Uni. L’euro a atteint un nouveau plancher tant vis-à-vis du dollar que vis-à-vis de la livre, mais dans les deux cas, aucune rupture définitive n’a eu lieu. Après le repositionnement d’hier, la probabilité d’un important mouvement technique demain diminue. C'est ce vendredi que le président de la Fed, Jerome Powell, s'exprimera sur l’économie et la politique monétaire à l'occasion de la grand-messe monétaire annuelle de Jackson Hole.
Le PMI composite de la zone euro pointe une contraction de l’activité (<50) pour le troisième mois consécutif. Ce nouveau ralentissement inattendu, de 48,60 à 47, porte le PMI à son niveau le plus bas depuis novembre 2020, époque où le monde était à l'arrêt à cause du Covid. Pour la première fois depuis décembre de l’année dernière, le secteur des services (de 50,9 à 48,3) a rejoint l’industrie manufacturière (de 42,7 à 43,7), où le malaise dure depuis longtemps, sous la barre des 50 points. Le secteur des services a particulièrement souffert en Allemagne et en France. Les entreprises ont rattrapé les derniers retards et voient l'avenir en noir en raison des vides dans leurs carnets de commandes. Dans ce contexte, la création d’emplois s’est arrêtée. Sur la base des chiffres de juillet et août, les responsables de l’enquête PMI s’attendent à une contraction de l’économie de la zone euro de 0,2 % en glissement trimestriel au troisième trimestre. Un retour en arrière après le léger renforcement de 0,3 % en glissement trimestriel observé au deuxième trimestre.
Les données relatives à l'activité plaident en faveur d’une pause dans le cycle des taux de la BCE. Mais... la présidente de la BCE, Christine Lagarde, risque de voir son pire cauchemar se réaliser. Cette dernière a mis en garde contre un ralentissement de la croissance combiné à une inflation toujours en hausse. Les PMI font état d’une augmentation des prix des intrants et des extrants. Une hausse principalement due à la pression des salaires. Et cette inflation sous-jacente des services va certainement influencer la BCE... Tant que les risques d’inflation persisteront, Lagarde et ses collègues auront en effet toujours intérêt à resserrer leur politique monétaire. Pour l’instant, un relèvement de 25 points de base en septembre reste donc notre scénario de base. Demain soir, Lagarde pourrait apporter plus de clarté lors du discours qu'elle prononcera à ce même symposium de Jackson Hole.
Hier, les taux européens ont perdu sur une base journalière jusqu’à 13 points de base sur la partie courte de la courbe (2-5 ans). Cette perte de soutien des taux a fait passer le cours EUR/USD sous le niveau de support de 1,0834 à un peu plus de 1,08. Aucune rupture définitive n’a eu lieu, grâce à la légère amélioration du sentiment vis-à-vis du risque en cours de séance outre-Atlantique. Le cours EUR/GBP a pour sa part testé la barre de 0,85, mais sans la franchir. Les PMI britanniques ont encore plus déçu que les PMI européens. La série globale est retombée de 50,8 à 47,9, alors que le marché tablait sur une stabilisation. Tous les chiffres détaillés sont décevants et la pression persistante sur les prix ne laissera probablement d'autres choix à la Banque d’Angleterre que de relever encore les taux en septembre. Le PMI américain est le seul à avoir gardé la tête hors de l’eau hier. L’indice a surtout reculé sous l’influence de l’industrie manufacturière axée sur les exportations, de 52 à 50,4. Les détails sous-jacents ressemblent beaucoup à ceux publiés en Europe. La contraction de la demande et le recul des commandes laissent augurer le pire pour septembre. En attendant, la pression sur les prix se sera à peine atténuée et les membres de la Fed se trouveront devant les mêmes contradictions le mois prochain.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC