La dernière ligne droite
Après Thanksgiving, le marché passe traditionnellement en mode fin d’année. C’est-à-dire que la liquidité diminue et qu’il n’y a plus d’ajustements de positions importants, sauf si c’est vraiment nécessaire. Cette dernière condition pourrait être remplie cette semaine, car tant dans l’UEM qu’aux États-Unis, nous assisterons à la publication des dernières statistiques importantes pour la Fed et les réunions de la BCE de mi-décembre.
Aux États-Unis, les données devraient être particulièrement positives pour que le marché renonce à l’idée que la Fed passera de 75 à 50 points de base. Demain, l’indice de confiance des consommateurs sera publié. Mercredi, le rapport sur l’emploi du secrétariat social ADP suivra (+200k emplois sont attendus), ainsi que le rapport JOLTS sur les postes vacants et l’important déflateur de prix PCE (inflation de base de 5% à 5,1%). Jeudi, l’indice ISM de confiance dans l’industrie manufacturière revêtira encore plus d’importance que d’habitude, après l’indice des directeurs d’achats décevant publié la semaine dernière. Last but not least, les payrolls officiels seront publiés vendredi (là encore, 200k emplois supplémentaires sont attendus). Ce sont des statistiques plus modérées, mais nous n’en sommes pas encore au stade où la Fed estimerait nécessaire de lever le pied. La plupart des gouverneurs de la Fed sont cependant en faveur d’un “ralentissement” à 50 pb. Le marché a reçu ce signal cinq sur cinq, ce qui a entraîné une forte correction des taux, surtout sur les échéances plus longues. Mais les investisseurs restent sélectifs dans ce qu’ils veulent bien entendre ou non… Ralentir, peut-être, mais la Fed souligne que des relèvements de taux seront encore nécessaires l’année prochaine. Or le marché table sur un pic du taux directeur américain entre 4,75% et 5,0% (contre 3,75%-4% actuellement). Cela nous paraît trop conservateur. En outre, le marché tient compte de nouveaux abaissements des taux l’année prochaine, ce dont Powell et ses collègues ne veulent pas entendre parler. Coïncidence ou non, mercredi, Powell évoquera l’état du marché du travail. Il répétera probablement qu’il reste en pénurie, avec les risques associés d’inflation structurelle. Reste à savoir si cela suffira à persuader les marchés de revoir leur position optimiste… Pourtant, nous approchons du stade où le marché se rendra compte qu’il diverge fortement du point de vue de la Fed. Pour le taux américain à 10 ans (à 3,65% actuellement), le niveau de 3,55% constitue la prochaine référence technique importante.
En Europe, nous attendons principalement la publication du taux d’inflation pour le mois de novembre (mercredi). Le consensus mise sur un “refroidissement” à 0,2% en glissement mensuel et à 10,4% en glissement annuel (de 10,6%). L’inflation de base se maintiendrait aux alentours de 5,0%. Pour l’UEM, le marché hésite entre un relèvement de 50 ou 75 pb en décembre. Les taux européens à court terme (par exemple, le taux de swap à 2 ans) ont provisoirement trouvé un équilibre autour de 3,0%. Ont également subi une forte correction les taux européens à long terme (swap à 10 ans de 3,40% à 2,65% aujourd’hui) et le Bund à 10 ans (actuellement légèrement inférieur à 2,0%). Mais à la fin de la semaine dernière, nous avons observé les premiers signes d’un redressement possible. Un taux d’inflation à +10% pourrait engendrer une consolidation vers la fin de l’année, avec une possible poursuite de la hausse en 2023. Ce matin, il est d’ores et déjà frappant de constater que l’aversion au risque croissante (due à la recrudescence de la crise du coronavirus en Chine) n’entraîne qu’une baisse limitée des taux d’intérêt. Le dollar américain n’en profite guère non plus, car la tarification accommodante sur le marché des taux américain limite son potentiel. Nous pensons qu’il est encore trop tôt pour une baisse continue de l’USD. Cependant, le différentiel EUR/USD tente à nouveau de percer le sommet récent de 1,0479. En cas de rupture, 1,0615 est la prochaine référence sur les graphiques.