Le marché du diesel reste extrêmement serré
Malgré l’importante baisse de la production qui a été décidée (de 2 millions de barils par jour), la dernière réunion de l’OPEP+ a eu un impact limité sur les prix. Le cours du pétrole n’a pas évolué dans une direction claire (notamment à la suite de contre-mesures prises par les États-Unis) et est resté très volatil, même après l’annonce. C’est principalement dû au niveau élevé d’incertitude générale sur le marché.
Bien que le prix du pétrole brut reste volatil, sur les marchés des carburants spécifiques, les prix sont clairement à la hausse. Depuis un certain temps, le cours du diesel atteint des sommets par rapport au cours du pétrole brut.
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, dont les grèves dans les raffineries françaises qui ont aggravé les choses au mois d’octobre. Ces grèves se sont propagées dans le reste de l’Europe, renforçant ainsi la pénurie structurelle de diesel. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas aussi, les travailleurs menacent de faire grève plus tard dans l’année.
En outre, les prix du diesel reflètent les estimations des négociants en matières premières quant à l’évolution future de la guerre en Ukraine, dans un contexte de stocks toujours limités. Les deux courbes, des contrats à terme et des stocks, sont illustrées dans le graphique.
L’invasion de la Russie en Ukraine a provoqué une réaction massive des prix du diesel. Bien que les prix à long terme aient également augmenté sur les marchés à terme, ce sont surtout les prix à court terme qui ont monté en flèche (ce qui s’appelle un déport ou “backwardation”). Initialement, les marchés tablaient surtout sur une pénurie de diesel à court terme, or les prix élevés à court terme ont entraîné une baisse substantielle des stocks de diesel. Comme l’illustre le graphique, les stocks se sont épuisés inhabituellement vite cette année.
Mais entre-temps, les marchés ont adapté leur point de vue. Dans les mois qui ont suivi le début de la guerre, la courbe à terme n’a cessé de se déporter vers le haut (voir à présent la courbe jaune). Ces prix à terme élevés indiquent que les traders s’attendent à ce que la guerre se prolonge (hélas) et à ce que l’embargo européen sur les importations de pétrole et de produits pétroliers russes entre bientôt en vigueur, avec un impact attendu en décembre et en février.
Bien que les stocks de diesel semblent à présent stables, ils restent à un niveau très bas (environ 60% plus bas que la normale). Et ce n’est pas une bonne nouvelle, car dans ces circonstances, le moindre choc à court terme sera difficile à résorber. Hier, l’Agence internationale de l’énergie a notamment averti que les prix du diesel pourraient devenir le prochain point névralgique de la crise énergétique européenne.
Petr Báča, Senior Economist KBC Group