Une vaguelette plutôt qu'un raz-de-marée pour les Républicains
Les élections de mi-mandat (midterms) laissent souvent un goût amer au président en exercice. En moyenne, le parti de ce dernier perd 28 sièges sur les 435 que compte la Chambre. Un sort similaire semblait atteindre l’actuel locataire de la Maison Blanche, Joe Biden. Les chiffres de l'inflation extrêmement élevés, la hausse des taux hypothécaires et les perspectives de croissance peu encourageantes faisaient craindre le pire pour les Démocrates. Le dirigeant républicain Kevin McCarthy misait même sur une avance de 60 sièges pour son parti. Sa prédiction ne s'est pas du tout réalisée. À l’heure actuelle, les Républicains n’ont conquis que 209 sièges et ils ne sont devant que dans 11 des 35 scrutins dont les résultats n'ont pas encore été publiés. Il est fort probable que le Grand Old Party n’obtiendra qu’une courte majorité à la Chambre des Représentants. Au Sénat, la situation est encore plus préoccupante pour les Républicains. Pour obtenir une majorité, ces derniers devront remporter deux des trois scrutins toujours en cours. Ils sont néanmoins à la traîne et les bookmakers ne leur donnent donc qu’une chance limitée d’obtenir la majorité (voir le graphique). La principale raison du meilleur résultat qu'attendu des Démocrates réside dans la récente décision de la Cour suprême de supprimer le droit constitutionnel à l’avortement. Selon des sondages réalisés à la sortie des urnes, 27 % des électeurs ont en effet principalement basé leur choix sur la question de l'avortement, qui arrive donc en deuxième position, juste derrière l’inflation (31 % des électeurs).
Fin des projets législatifs de Biden
La courte victoire des Républicains sera néanmoins suffisante pour bloquer l’agenda législatif de Biden pendant au moins deux ans. De plus, le plafond de la dette devra probablement à nouveau être relevé en 2023. La majorité républicaine à la Chambre pourrait donc utiliser la menace d'un défaut de paiement ou d'une fermeture des administrations pour forcer des concessions politiques, comme des économies dans la sécurité sociale par exemple. Ceci étant, le fait de ne disposer que d'une courte majorité affecte tout de même leur position de négociation. Le parti aura en effet difficile à maintenir son unité.
Gamechanger pour 2024 ?
Les mauvais scores des Républicains pourraient rebattre les cartes pour la campagne présidentielle de 2024. L’ancien président Donald Trump est le grand perdant de ces midterms. Plusieurs candidats majeurs ayant bénéficié de son soutien ont obtenu des scores décevants et les critiques au sein de son parti ne cessent d’augmenter. Son potentiel rival pour l'investiture républicaine à la présidentielle de 2024, Ron De Santis, voit son étoile monter de manière significative. Ce dernier a en effet remporté le poste de gouverneur dans l’État clé ("swing state") de Floride, avec une avance de près de 20 % sur son adversaire. Le président Joe Biden pourra se réjouir de ce résultat meilleur que prévu. Au sein de son propre parti, les opposants à sa possible tentative de réélection en 2024 vont vraisemblablement moins se faire entendre après mardi. La course à la présidence est désormais lancée. Mais la réaction des marchés financiers à la sortie de ces élections de mi-mandat montre qu’ils ne s’en préoccupent pas encore pour l’instant.