Le calme avant...???
Les marchés aspirent à un peu de calme. Jusqu’à présent, chaque pause entamée ne s'est jamais avérée que de courte durée. Depuis cet été, l'adage selon lequel : "les mauvaises nouvelles constituent toujours un peu des bonnes nouvelles pour les marchés" ne fonctionne plus . Les banques centrales et les marchés se sont bon an mal an rendus compte que la faiblesse des données ne constituait pas une raison suffisante pour lever le pied du frein monétaire, et encore moins pour donner une bouffée d’oxygène à l’économie. Le nouveau mot d'ordre est : "l'inflation . d’abord" En outre, malgré toutes les difficultés, l’activité et l’emploi demeurent étonnamment solides aux États-Unis. Et l’inflation s’ancre par conséquent de plus en plus profondément dans le tissu économique. La banque centrale de référence de la planète montre au marché que la campagne de lutte contre l'inflation durera longtemps. Les "dégâts collatéraux" pour les économies moins solides, notamment sous la forme d’une dépréciation de la monnaie, sont malheureusement inévitables. En Europe, les mauvaises nouvelles économiques sont déjà plus que suffisamment intégrées. Tant que l’inflation pèsera sur l'économie, la BCE n’aura pas non plus de raison d’envisager un ralentissement du cycle de resserrement. L'exemple de la "petite" économie britannique, toujours considérée comme une économie de référence, et de ses responsables qui ont décidé de s'inscrire en porte-à-faux pour soutenir la croissance montre à quel point il est difficile de s’adapter à la nouvelle fonction de réaction du marché.
Voilà pour l'avertissement. L’approche des réunions de la BCE (27 octobre), de la Fed (2 novembre) et de la Banque d’Angleterre (3 novembre) plaide néanmoins en faveur d’une consolidation. Beaucoup de choses sont déjà intégrées dans les cours. Le marché monétaire américain table sur un pic du taux directeur de la Fed à 5,0 %. Un niveau une nouvelle fois supérieur à ce que même les faucons de la Fed anticipaient il y a moins d’un mois. Il ne faut jamais dire jamais, mais avec deux relèvements supplémentaires de 75 points de base déjà quasiment entièrement incorporés, les marchés ont pour le moment un peu moins de raisons d'attendre encore plus. Le taux à 2 ans américain est coincé par le niveau de résistance de 4,50 %. Et les taux à 10 et 30 ans se heurtent à 4,0 %. Les tendances ne bougent pas, mais il faudra peut-être de nouveaux "éléments" pour passer ces seuils. Or, il est possible qu'aucun nouvel élément ne s'ajoute avant les réunions de politique citées ci-dessus.
Raisonnement similaire pour le marché des taux européen. Ici aussi, un plafond de 3,0 % est anticipé, même si nous estimons que la barre est placée moins haut par rapport au sommet de 5,0 % attendu pour la Fed. Les timides signes de calme relatif observés ces derniers jours sur le marché des taux ont été mis à profit pour réduire quelque peu les positions courtes sur les bourses et les positions longues sur le dollar. Ici aussi, on peut parler de pause dans la tendance. Le cours EUR/USD reste bien ancré dans le schéma de consolidation compris entre 0,9536 et 1,00.
Pour un véritable renversement de tendance, que ce soit sur le marché des taux, au niveau du dollar ou sur les bourses, il faudra que le marché soit convaincu que les banques centrales ont définitivement remporté leur combat contre l’inflation. Or, aucun signe allant de sens n'a été observé récemment. Les chiffres de l’inflation dans le monde continuent de surprendre à la hausse (cela a encore été le cas avec la Nouvelle-Zélande ce matin). Malgré la détermination de la Fed et le recul des prix de l’énergie, les prévisions d’inflation sont de nouveau légèrement en hausse aux États-Unis. Dans un tel contexte, on ne peut pour l’instant pas espérer davantage qu’une consolidation des tendances de marché actuelles. Si tout se passe bien...