Un vol agité...
Aujourd’hui, nous vous livrons un compte rendu de la Coupe du monde de bluff qui se tient au Royaume-Uni. Les finalistes Kwasi – Kamikwasi – Kwarteng et Andrew – "petit ami pas fiable"– Bailey ont tout donné ces dernières semaines pour bluffer leur opposant. À une demi-journé de la fin de la partie, c’est Bailey qui a la main.
Le ministre des Finances Kwarteng a directement commencé en force, en annonçant des réductions de charges supplémentaires, financées par la dette, en plus du gel des factures d’énergie pour les ménages britanniques. Avec sa très généreuse politique, Kamikwasi jure qu'il pourra relancer structurellement la croissance britannique. L’inflation s’élève déjà à 10 % ? Soit... Le Royaume-Uni dépend des investisseurs étrangers pour combler le trou?... Et alors ?.. La banque centrale britannique a changé de cap monétaire par rapport à ces 15 dernières années... Vraiment ? !... Kwarteng a poussé le Royaume-Uni vers la faillite et a fait plonger les marchés britanniques... "Qui va payer, Monsieur ?"... Les fonds de pension et les assureurs ont tiré la sonnette d’alarme. Une crise systémique menaçait.
Le président de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a été le premier à cligner les yeux. Avec le recul, c'est à ce moment-là qu'il s'est lancé dans son magnifique "long con". Malgré tous les efforts déployés par la banque centrale britannique pour lutter contre l'inflation, cette dernière s'est vue contrainte de procéder à de nouveaux achats d’obligations. Trois semaines, a déclaré le gouverneur Bailey. Le robinet des liquidités ne s’ouvrira que pendant trois semaines. Le gouvernement dispose de trois semaines pour revoir ses plans budgétaires. Les fonds de pension et les assureurs ont trois semaines pour revoir leurs positions de marché biaisées. Les deux premières semaines, tout est resté très calme. Un triomphe pour Kwarteng, une humiliation pour Bailey. Kwarteng connaît la réputation de la BoE, à savoir celle du "petit ami pas fiable' ("unreliable boyfriend"), qui a déjà rompu plus d’une promesse. S’en est alors suivi un coup de bluff incroyable...
Lundi : les achats d’obligations ne seront pas prolongés après vendredi, selon Bailey. "On verra bien", ont pensé les marchés britanniques... Les taux britanniques sont repartis en direction de leur pic de septembre.
Mardi : Kwarteng pointe Bailey comme le responsable de l’implosion du marché britannique.
Mercredi : "Three more days". Les mots entrent dans l’histoire comme le "Whatever it takes" de Bailey.
Le hasard n’existe pas, mais tout de même. Le même jour, Kwarteng et Bailey sont partis ensemble pour rejoindre Washington, afin de participer aux réunions annuelles du FMI. Ce même FMI qui avait un peu plus tôt sévèrement critiqué les plans du gouvernement britannique. Personne ne sait exactement comment s’est déroulé le vol entre Londres et Washington. Nous laisserons les détails croustillants aux tabloïds. Une chose est néanmoins sûre. Quelque part au-dessus de l’océan Atlantique, Bailey a empoigné un Kwarteng qui s'était assoupi et l’a emmené jusqu’à la porte de l’avion. Quelques secondes plus tard, le Kamikwasi se balançait dans les airs. Ce n’est que parce que Bailey le retenait par les chevilles qu’il a pu rejoindre la terre ferme. Tu n'as pas voulu écouter ? Tu vas le payer. Ou comment régler la discussion sans échanger un mot.
Jeudi : Kwarteng quitte précipitamment la réunion du FMI. Avec les membres toujours tremblants. Le gouvernement britannique révisera ses plans budgétaires d’ici lundi. Les marchés britanniques respirent de nouveau. Le week-end peut commencer. Un triomphe pour Bailey, une humiliation pour Kwarteng...