Le cours EUR/USD s'installe sous la parité
L'indice PMI de confiance des entreprises européennes s'est encore replié en août (de 49,9 à 49,2), son niveau le plus bas depuis février 2021. Ce deuxième mois consécutif sous la barre des 50 signifie un deuxième mois consécutif de contraction économique. Un nouveau taux de croissance négatif paraît inévitable pour le troisième trimestre.
Le rapport PMI mensuel n'est pas très réjouissant. Le nombre de nouvelles commandes continue de baisser, tant dans l'industrie manufacturière que dans le secteur des services. Le secteur industriel tourné vers l'exportation a manifestement un peu trop anticipé la reprise économique au cours de ces derniers mois. Les entrepôts des usines débordent aujourd'hui de marchandises invendues. Cela ne laisse pas vraiment présager d'amélioration pour les prochains mois. Le secteur automobile a, par exemple, déjà commencé à ralentir sa production. Les entreprises recrutent à leur rythme le plus lent depuis mars 2021. Dans le secteur des services, qui parvient tout juste à garder la tête hors de l'eau, la balance est en train de pencher de la reprise post-pandémie à la crise du pouvoir d'achat. Le secteur du tourisme est logiquement celui qui se trouve le plus sous pression. Les directeurs d'achat interrogés dans le cadre de l'enquête PMI ne se montrent pas vraiment optimistes pour les 12 prochains mois. Depuis le début de la pandémie en 2020, ils ne cessent de broyer du noir. Les prix à la production et à la vente continuent d'augmenter fortement, mais la dynamique commence à s'essouffler. Un phénomène similaire s'observe dans le sous-indice des délais de livraison. Les chaînes d'approvisionnement internationales sont toujours sous pression, mais commencent à montrer de timides signes d'amélioration. Malheureusement, ceux-ci sont principalement dus à la contraction de la demande.
La publication du baromètre économique mensuel n'a pas fait forte impression sur le marché. Hier, ce sont les nouveaux sommets atteints par les prix du gaz qui ont de nouveau tenu tout le monde en haleine. Les marchés s'appuient sur le vain espoir que les banquiers centraux pourront lutter contre l'inflation avec douceur afin de préserver la croissance. Les programmes de normalisation et de resserrement vont être maintenus au moins cette année, même si cela risque d'entraver encore davantage la croissance. La dégradation constante des perspectives d'inflation ne laisse pas d'autre choix. Les corrélations observées au premier semestre font leur retour sur les marchés. La forte correction qui frappe les marchés obligataires (jusqu'à 10 points de base de plus pour les taux d'intérêt) se propage aux marchés boursiers. Les principaux indices européens et américains ont perdu jusqu'à 2,5 % hier. Le dollar reste bien installé sur son trône dans ce contexte d'aversion pour le risque et de hausse généralisée des taux, d'autant plus que les prévisions d'inflation en Europe continuent d'augmenter. Le cours EUR/USD est passé sous la parité pour la deuxième fois cette année. Nous pensons qu'il devrait rester inférieur à 1 pendant plus longtemps. D'un point de vue technique, le canal baissier observé depuis février et la rupture sous le plancher de l'année dernière suggèrent dans un premier temps une plus grande probabilité de voir la paire évoluer vers EUR/USD 0,97.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC