Les projets climatiques des démocrates renaissent de leurs cendres
En ce moment, le processus législatif américain semble réserver aux observateurs plus de rebondissements qu’un film de Tarantino. Il y a deux semaines, Joe Manchin, un sénateur démocrate conservateur originaire de “l’état du charbon” de Virginie-Occidentale, semblait avoir définitivement enterré le programme Build Back Better de Joe Biden. Or aujourd’hui, Joe Manchin et Chuck Schumer, le chef du groupe majoritaire au Sénat, ont tout de même trouvé un accord pour mettre en œuvre des composantes importantes du programme.
Bonne nouvelle pour le climat
L’accord serait enfin une bonne nouvelle pour le climat. Après la Chine, les États-Unis sont les plus grands émetteurs de CO2 au monde, avec 11% des émissions mondiales. À Paris, les États-Unis avaient promis de réduire leurs émissions de 50% par rapport à 2005 d’ici 2030. Selon une première estimation du fournisseur de recherche indépendant Rhodium Group, cette proposition de loi permettrait de réduire les émissions américaines de 38% en moyenne d’ici 2030, contre 30% sans la proposition. Ces économies de CO2 seraient principalement réalisées grâce à un mélange d’avantages fiscaux et de subventions pour les technologies vertes, comme les voitures électriques, les technologies de l’hydrogène, les carburants verts, les énergies renouvelables et le captage du carbone.
Ne dites pas Build Back Better, mais Inflation Reduction Act
Ce n’est pas par hasard que l’actuelle proposition de loi a été baptisée Inflation Reduction Act. Contrairement à la proposition Build Back Better, qui prévoyait 3,5 milliards USD de nouvelles dépenses (financées par la dette), cet accord serait principalement financé par de nouveaux impôts. Un impôt des sociétés minimum de 15% serait introduit, ce qui alignerait du même coup les États-Unis sur le minimum mondial négocié précédemment par la ministre des Finances Janet Yellen. En outre, une solution de contournement pour les Américains les plus riches serait éliminée et les contrôles fiscaux seraient renforcés. La dette publique diminuerait de 306 milliards USD, ce ferait baisser la demande domestique et donc l’inflation. Les pouvoirs publics pourraient également (re)négocier le prix des médicaments, ce qui leur permettrait d’économiser pas moins de 288 milliards de dollars, selon le Congressional Budget Office. Enfin, la réglementation relative au développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers devrait être temporairement assouplie, ce qui pourrait refroidir les prix de l’énergie.
Encore des “plot twists” en vue?
La ratification de l’Inflation Reduction Act serait une victoire bienvenue pour le parti démocrate, qui accuse un léger retard dans les sondages. Le président Biden pourrait également en tirer parti pour remédier à son faible taux de popularité de 39%. Mais attention, un scénario à la Kill Bill reste toujours possible. L’industrie pharmaceutique redoublera d’efforts de lobbying pour que la loi ne passe pas et il ne faut s’attendre à aucun soutien de la part des républicains. Cependant, sous la pression des élections de mi-mandat, les sénateurs et les représentants démocrates feront probablement bloc pour ratifier cet accord. Ainsi, ce thriller politique pourrait encore se conclure par un happy end…