Reprise chinoise: les risques augmentent

Les marchés

Les chiffres de croissance du PIB chinois pour le deuxième trimestre ont été moins bons que prévu (-2,6% en glissement trimestriel, corrigé des variations saisonnières), ce qui rend hautement improbable la réalisation de l’objectif de croissance officiel de 5,5% pour 2022. Bien que la baisse soit plus importante que prévu, ce n’est pas vraiment une grande surprise, vu les mesures de confinement drastiques qui ont été imposées à Shanghai et à Pékin, entre autres, pendant une grande partie des mois de mars, avril et mai. Une reprise vigoureuse de la croissance est attendue au second semestre. Les mesures les plus sévères ont été levées et l’activité économique a repris en juin. Cependant, plusieurs risques pèsent sur cette reprise. À plus long terme aussi, les perspectives de la relance chinoise pourraient être remises en question.

Premièrement, les risques liés au coronavirus demeurent présents. La propagation de sous-variants d’omicron a donné lieu à de nouvelles campagnes de tests massives et même à des mesures de confinement partiel dans certaines petites villes. Le nombre total de cas reste bien inférieur qu’en mars et avril, mais comme le gouvernement ne donne pas signe de vouloir renoncer à sa politique stricte “zéro Covid”, de nouveaux confinements à grande échelle ne sont pas à exclure. Signe préoccupant en la matière, le taux de congestion routière (un indicateur indirect de la mobilité) a diminué ces deux dernières semaines.

Deuxièmement, des signaux indiquent que les problèmes du secteur de l’immobilier pourraient s’aggraver, voire s’étendre à d’autres secteurs économiques. Un “boycott hypothécaire” est en cours, dans le cadre duquel un nombre croissant d’acheteurs ont cessé ou menacent de cesser de payer leurs emprunts hypothécaires pour des projets immobiliers tombés à l’arrêt à la suite des problèmes de financement des promoteurs. Ce boycott augmente la pression sur les promoteurs en difficulté et risque de miner davantage la confiance envers l’industrie immobilière, ce qui pourrait encore pousser à la baisse les prix des logements. Bien que la part des emprunts qui risquent de n’être pas remboursés reste faible, le boycott souligne la vulnérabilité du secteur bancaire à un repli éventuel du secteur immobilier.

Si le gouvernement intervient pour garantir aux acheteurs que leur projet immobilier sera mené à terme, il passera probablement par les autorités locales… Ce qui nous amène au troisième risque qui pèse sur la reprise. Les autorités locales ont un taux d’endettement élevé et dépendent des ventes de terrain comme source de revenus, qui se trouve maintenant sous pression en raison des tensions sur le marché immobilier. De plus, il s’avère récemment que les Local Government Financing Vehicles (LGFV), les entreprises d’investissement qui lèvent des fonds pour financer des projets de développement et d’infrastructure locaux, peinent à emprunter de l’argent via des banques et des investisseurs institutionnels. Elles doivent de plus en plus souvent se tourner vers les investisseurs particuliers pour obtenir des prêts, à des taux plus élevés. Si la viabilité de la dette des gouvernements locaux est mise en doute, cela compliquera non seulement le soutien public à la croissance, mais pourrait aussi déclencher des problèmes dans l’ensemble du système financier chinois. En somme, nous nous attendons toujours à une reprise cette année, mais les risques sont clairement en train d’augmenter.

PIB chinois, en % en glissement trimestriel, corrigé des variations saisonnières

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

La MNB en revient à la prudence

La MNB en revient à la prudence

Les PMI pointent une accélération de la croissance et de l’inflation dans l'UEM

Les PMI pointent une accélération de la croissance et de l’inflation dans l'UEM

La livre en chute libre

La livre en chute libre

Pas de Brexit monétaire

Pas de Brexit monétaire