L’inflation britannique à son niveau le plus élevé en 40 ans
Ce matin, le taux d’inflation britannique a été publié pour le mois de mai. Les craintes s’avèrent justifiées et il n’y a que peu de perspectives d’amélioration. Les dilemmes auxquels fait face la Banque d’Angleterre (BoE) ne font que s’accentuer.
Les faits: l’inflation générale britannique a augmenté de 0,7% en glissement mensuel et de 9,1% en glissement annuel, atteignant son niveau le plus élevé depuis 1982. L’inflation de base a légèrement diminué, de 6,0% à 5,9%. Mais pour l’instant, il y a peu d’espoir d’une véritable amélioration. Les prix à la production, qui sont en partie répercutés sur le client final, continuent à s’emballer (15,7% en glissement annuel) et l’inflation étend son emprise sur l’économie. La Banque d’Angleterre s’attend à ce qu’elle puisse dépasser 11% en octobre en cas de nouvel ajustement des prix régulés de l’énergie.
Depuis un long moment, la BoE est coincée entre le marteau et l’enclume. La semaine dernière, elle a relevé son taux directeur de 25 points de base pour la cinquième fois consécutive. Trois des neuf membres du conseil ont voté en faveur d’un relèvement de 50 points de base. La BoE a indiqué qu’elle resterait attentive aux signes d’une inflation plus persistante que prévu. Elle rejoint ainsi la Fed et la BCE, qui adoptent une approche plus énergique (Fed: +0,75 pp) ou qui s’attendent en tout cas à ce que la situation ne s’améliore pas (BCE).
Le marché des taux a reçu le signal. Il s’attend à présent à ce que la BoE relève son taux directeur de 50 points de base lors des trois prochaines réunions. Même si Bailey et ses collègues en revenaient à 25 pb en décembre, le taux directeur atteindrait 3,0% à la fin de cette année. À première vue, c’est logique, vu la pression inflationniste persistante. Mais dans l’intervalle, la BoE s’attend à ce que l’activité puisse se contracter dès ce trimestre (-0,3% en glissement trimestriel). Quand on voit les efforts qu’il a fallu pour relever le taux d’intérêt de 0% à 1,25% depuis décembre, une perspective de 3,0% à la fin de cette année est déjà moins garantie en cas de stagnation ou de croissance négative.
Fait frappant, la réaction de la livre a été beaucoup moins prononcée que sur les marchés des taux. En un sens, c’est logique, puisque d’autres banques centrales passent elles aussi au régime supérieur. En termes relatifs, la BoE ne fait donc rien de plus. Et ce n’est pas non plus la première fois qu’elle revoit son estimation. En mars, un membre du conseil avait voté en faveur d’une interruption du cycle des taux et le MPC avait promis de tenir compte tant de la croissance que de l’inflation. Contrairement à la Fed et à la BCE, la BoE s’attend à ce que la baisse des pressions externes sur les prix, le durcissement de la politique monétaire et la faiblesse de la demande intérieure fassent passer l’inflation sous la barre des 2,0% à la fin de l’horizon de politique. Cette perspective lui laisse une marge pour ralentir le rythme du resserrement si la croissance venait à se détériorer. Plus que pour la BCE et pour la Fed, nous voyons des risques que le marché des taux britannique intègre plus qu’assez de relèvements des taux. Dans une perspective plus large, la livre est probablement aussi plus vulnérable dans un contexte d’aversion au risque généralisée. Outre l’inflation, les incertitudes liées à la croissance ont une influence grandissante à cet égard. Ce matin, la réaction de la livre est en tout cas éloquente. L’EUR/GBP teste à nouveau le seuil de 0,86. La paire de devises évolue dans un canal haussier depuis avril et nous ne voyons aucune raison pour que cela change dans l’immédiat. Une rupture au-dessus de 0,8716/31 constitue le prochain point de référence sur les graphiques.