La RBNZ gagne du temps, RBA doute
Tant la Reserve Bank of New Zealand (RBNZ) que la banque centrale australienne (RBA) se trouvent dans la phase de « finetuning » de leur cycle de resserrement. Les chiffres trimestriels de l’inflation en Nouvelle-Zélande et le procès-verbal de la réunion d’octobre de la RBA nous ont permis aujourd’hui d'y voir un peu plus clair quant à la possibilité d'un dernier relèvement des taux. Plus tôt dans le cycle, la RBNZ a clairement démontré sa détermination à lutter contre l’inflation. Entre août 2021 et mai de cette année, elle a systématiquement rehaussé son taux directeur, qui est ainsi passé de 0,25 % à 5,5 %. Ensuite, elle a affirmé qu’elle pourrait en rester là, tout en laissant tout de même la porte ouverte à un nouveau resserrement en août. La RBA a fait preuve d'un peu moins de mordant et a relevé son taux directeur de 0,1 % à 4,1 % en juin, avant de déjà passer en mode pause au printemps.
Les chiffres de l'inflation du troisième trimestre en Nouvelle-Zélande suggèrent que la RBNZ pourrait encore conserver sa position attentiste. Avec une hausse de 1,8 % en glissement trimestriel et de 5,6 % en glissement annuel, l’inflation reste loin de la zone cible de 1-3 %. Cette accélération s’explique principalement par l’augmentation des coûts du transport et une série d’augmentations ponctuelles liées au logement. L’inflation en glissement annuel reste inférieure aux prévisions de la RBNZ (6,0 %). Jusqu’à présent, la banque mise sur un retour dans la zone cible durant l’été 2024. Si l'on se base sur les chiffres du troisième trimestre, cela pourrait même aller un peu plus vite. Le marché estime la probabilité d’une nouvelle hausse fin novembre à moins de 20 %. La perte (limitée) de soutien de la part des taux a légèrement pesé sur le dollar kiwi ce matin. Le cours NZD/USD (0,589) se rapproche également de son plancher annuel (0,5860). La situation du dollar kiwi par rapport à l’euro est différente. Après une forte progression de l’euro au premier semestre, le dollar kiwi a dans un premier temps mieux résisté à la vigueur générale du dollar américain depuis août. Un contexte de rejet du risque n’est pas favorable pour une petite devise (cyclique) sensible comme l'est le dollar kiwi. Si la RBNZ attend suffisamment longtemps avant d'abaisser ses taux (ex : jusqu’en 2025) et que le NZD peut dès lors encore profiter de taux réels positifs, cela pourrait alors l'aider à faire davantage jeu égal avec des devises comme l’euro.
Le procès-verbal de la réunion de la RBA d’octobre montre que le comité de politique craint toujours que l’inflation ne se rapproche pas suffisamment rapidement de son objectif de 1-3 %. L’inflation est tombée à 5,2 % en août, mais dans ses prévisions publiées le même mois, la RBA ne s'attend pas à un retour sous la barre des 3 % avant fin 2025. Le marché ne croit pas vraiment à un nouveau relèvement en novembre, mais si les chiffres du marché de l’emploi cette semaine et/ou les taux d’inflation la semaine prochaine s'avèrent plus élevés que prévu, la nouvelle présidente de la RBA, Michele Bullock, pourrait devoir procéder à un dernier resserrement « inattendu de fin de cycle ». Ce matin, l’Aussie se porte logiquement mieux que le dollar kiwi. Cependant, c’est avant tout le sentiment plus large vis-à-vis du risque et le resserrement (général) des liquidités qui détermineront le sort de l’AUD. Or, ces facteurs jouent plutôt en faveur du dollar américain. Pour que l’Aussie se redresse durablement face au billet vert US, ces deux facteurs devront s'améliorer et la croissance devra reprendre le dessus sur (la lutte contre) l’inflation. Il est encore très difficile de savoir quand cela arrivera et ce point d'inflexion risque de de se faire attendre encore un peu. Une stabilisation par rapport à un euro plus pâlot est en revanche possible.