Stagflation, slowflation ou broadflation en Belgique?

Les marchés

Slowflation: se définit comme un ralentissement important de la croissance économique, en particulier dans les fragiles économies européennes, et une inflation élevée qui perdure. Cette thèse est le fil rouge des dernières prévisions du FMI, qui revoient à la baisse les prévisions de croissance de la zone euro pour 2022 de 1,1 point de pourcentage, à 2,8%, et portent les prévisions d’inflation à 5,3%. Pour la Belgique, le FMI table sur une croissance annuelle moyenne de 2,1% et sur une inflation avoisinant les 8%, ce qui correspond aux prévisions d’avril de KBC Economics.

Reste à savoir si ce scénario de slowflation se réalisera pleinement. Les indicateurs de tendance renvoient une image mitigée. D’une part, les indicateurs de sentiment économique (par exemple, les PMI pour la zone euro ou les États-Unis) se maintiennent à des niveaux élevés. Nous remarquons toutefois un écart sous-jacent entre la stagnation dans l’industrie manufacturière axée sur les exportations et un mouvement de rattrapage dans les économies de services domestiques. La question est de savoir pendant combien de temps celles-ci continueront à jouer leur rôle moteur? La confiance des consommateurs européens a été fortement ébranlée. Les modèles de prévision immédiate indiquent un ralentissement de la croissance, mais celle-ci reste positive.

Mauvais présage?

De nouveaux chiffres concrets sont donc plus que bienvenus. Pour la zone euro, la Belgique a ouvert le bal hier. Généralement, les chiffres belges boxent au-dessus de leur catégorie. C’est parce qu’en tant que petite économie ouverte, l’économie belge “subit” les tendances des pays voisins plus grands, de sorte que ses chiffres ont – en temps normal – une certaine valeur prédictive des tendances dans la zone euro. Constat: conformément aux attentes, l’inflation CPI belge s’est stabilisée à 8,3%, mais l’inflation de base sous-jacente a encore augmenté à 4,08% en glissement annuel. La croissance est retombée à 0,3% au premier trimestre. La croissance dans la construction (0,8%) et les services (0,5%) a été partiellement compensée par la contraction de la production industrielle (-0,8%). Ces chiffres suggèrent un net ralentissement depuis le début de la guerre menée par la Russie.

Inflation généralisée

Mais plus encore que les chiffres agrégés, les données sous-jacentes traduisent un problème. Bien que l’inflation soit encore en grande partie due aux énormes hausses de prix sur les marchés des matières premières, les signes d’une expansion se multiplient. C’est-à-dire que la pression sur les prix ne se limite plus à un petit nombre de catégories de produits, mais se généralise à toute vitesse. Alors que jusqu’en juillet 2021, la grande majorité des catégories (87% des biens et des services) connaissaient des hausses de prix inférieures à 3%, nous constatons à présent que plus de la moitié des catégories (57%) subissent une inflation supérieure à 3%. C’est le signe clair d’un problème d’inflation croissant en Belgique (broadflation). Un problème qui se pose d’ailleurs dans toute la zone euro, et qui devient de jour en jour plus pressant…

Belgique – Répartition des biens et services en CPI avec un certain taux d’inflation (en % du nombre total de biens et de services en CPI)

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Le nouveau premier ministre Ishiba laisse peu de choix à la BoJ

Le nouveau premier ministre Ishiba laisse peu de choix à la BoJ

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule

Le patron de la NBP change son fusil d’épaule

La livre sterling rejoint les autres

La livre sterling rejoint les autres

Inflation inférieure à 2%: la BCE capitulera-t-elle?

Inflation inférieure à 2%: la BCE capitulera-t-elle?