Xi Jinping resserre sa poigne
Comme chaque année, le Congrès national du peuple (CNP) s’est tenu en Chine la semaine dernière. Des milliers de personnes, dont des députés, mais aussi de nombreuses célébrités, des hommes d’affaires, des universitaires et des représentants de partis politiques autres que le Parti communiste, assistent à cette grand-messe. Lors du CNP, le parlement vote les nominations, la législation et les modifications de constitution préparées par la tête du parti.
Objectif de croissance de ~5 %
L’objectif de croissance pour 2023 a été communiqué dès l'entame du Congrès. Cette année, la Chine aspire à une croissance d'« environ 5 % ». Il s’agit de la prévision la plus faible de ces 25 dernières années et d'un taux inférieur aux attentes. Avec ce nouveau chiffre, le gouvernement chinois s'inscrit dans la tendance baissière observée depuis quelques dernières années (voir le graphique). Mais cette prévision a tout de même de quoi surprendre au vu de la vigueur du contexte intérieur. À la fin de l’année dernière, les mesures de restriction visant à lutter contre la propagation du Covid-19 dans le pays ont été abandonnées. Les effets de réouverture attendus devraient donner un sérieux coup de pouce à l’économie cette année. En témoigne d'ailleurs la nette amélioration des indices de confiance dans les secteurs de l’industrie et des services. Le modeste taux de croissance enregistré l’année dernière (3 % au lieu de 5,5 %) rend le nouvel objectif d'autant plus réalisable étant donné l'effet de base plus favorable.
Pour justifier ces prévisions peu ambitieuses, le gouvernement pointe surtout le ralentissement de la croissance mondiale, l’inflation élevée et l’accroissement des tensions géopolitiques entre la Chine et l’Occident. Une autre raison (passée sous silence) réside dans le fait que les autorités chinoises veulent cette fois être certaines de pouvoir atteindre leur objectif, après les années difficiles du Covid.
Des professionnels de la politique à la place des technocrates
Plus important encore que l’objectif de croissance, le Congrès a annoncé une vague de nominations, dans le cadre de laquelle de nombreux technocrates occupant des postes cruciaux (en ce compris le Premier ministre et le principal conseiller économique) ont été remplacés par des proches du président Xi. En outre, le secteur financier a également fait l'objet d'une restructuration en profondeur, avec notamment la création d'un nouveau supercomité chargé de superviser la banque centrale et les autres régulateurs financiers. D'importants changements axés sur la sécurité, l’autonomie et le progrès seront également opérés dans les secteurs des technologies et des sciences.
Les changements annoncés laissent supposer que les objectifs à court terme prendront plus souvent le dessus sur les risques à long terme à l’avenir. Une évolution dangereuse dans un pays confronté à d'importants défis structurels.