Inflation britannique, taux d’intérêt... et surtout baisse de la livre
Voilà qui pourrait vous intéresser. Après quatre hausses-surprises, l’inflation britannique a ralenti un peu plus que prévu en juin. Soulagement à Threadneedle Street. Le président de la BoE, Andrew Bailey, avait en effet annoncé il y a un bon moment la possibilité d’un ralentissement de l’inflation à partir du printemps. Certes, les hirondelles étaient tardives cette année. À Downing Street 10 également, la lutte contre la crise du pouvoir d’achat constitue une priorité absolue à l’approche des élections de l’an prochain. Le succès a de nombreux pères. Reste à savoir si l’enfant pourra répondre aux attentes strictes plus tard dans l’année aussi. Début 2023, le premier ministre Rishi Sunak avait annoncé vouloir réduire de moitié l’inflation à 5 % d’ici la fin de l’année.
Tout d'abord, les faits. L’inflation générale a ralenti de 0,1 % en glissement mensuel et 7,9 % en glissement annuel. En mai, l’inflation de base est retombée de 7,1 % à 6,9 % en glissement annuel. Comme dans de nombreux pays, les prix des marchandises ont baissé (de -0,2 % en glissement mensuel à 8,5 % en glissement annuel). Les prix des services ont augmenté de 0,5 % sur une base mensuelle (7,2 % en glissement annuel) et restent proches du sommet cyclique (7,4 % en mai). Les hausses salariales ont atteint un nouveau sommet en mai (7,3 %). Ces hausses de salaires se répercuteront encore longtemps sur le consommateur final.
La réaction sur les marchés obligataires britanniques a néanmoins été euphorique hier. Le taux à 2 ans a chuté de près de 20 points de base et est repassé sous la barre des 5 %. Les attentes du marché à l’égard du sommet atteint par le taux directeur (actuellement 5 %) ont encore plongé. Il y a deux semaines, les prévisions tablaient sur 6,5 %. Entre-temps, ce taux a été ramené à 5,75 %. Le marché doute même que Bailey & Co augmente de 50 ou 25 points de base début août. En juin, il n’a eu d’autre choix que de passer à 50 points de base. Lorsqu’une banque centrale est dépassée par les faits, elle a intérêt à saisir l’occasion de renforcer sa crédibilité en matière d’inflation, même si la BoE connaît depuis longtemps un reflux qui préconise de ne pas freiner inutilement la croissance. Selon nous, la nouvelle étape de 50 points de base va être franchie. La BoE dispose d’une nouvelle mise à jour économique et pourrait faire passer un message « wait-and-see/sous réserve des données » d’ici l’automne, bien qu’il y ait encore beaucoup plus de pain sur la planche au Royaume-Uni que dans la plupart des autres économies industrialisées.
Dans ce cycle de taux/inflation, il s’est déjà avéré à plusieurs reprises que la devise payait le prix (de la perception) d’une politique qui se contente du strict minimum. Même si l’inflation retombe aux alentours de 5 % à la fin de cette année, le taux directeur réel n’est guère positif. Ces derniers mois, la livre n’a que modérément profité du « soutien forcé des taux ». Au début du mois, le cours EUR/GBP a pris la direction de 0,85 après le rapport sur le marché de l’emploi, mais après la chute des taux survenue hier, nous en sommes déjà à 0,8675. Une rupture persistante au-dessus de 0,8658 mine en outre l’image technique de la livre. Nous restons sceptiques. Soit la BoE suit la voie de la progressivité et la livre manque du soutien (effectif) requis des taux. Le Royaume-Uni reste en effet un pays déficitaire. Les investisseurs internationaux veulent « quelque chose » pour financer ce déficit. Soit la BoE écrase le frein (à l’inflation), mais le marché s’inquiétera alors rapidement d’une récession et de l’impact sur les finances des ménages et des pouvoirs publics, qui sont souvent sensibles à une hausse des taux à court terme. Une nouvelle zone cible pour l’EUR/GBP se rapproche de 0,874 (correction de 50 % depuis le sommet du début de l’année).