Le relèvement de taux de la BoE n’aide pas la livre
Après la Fed et la BCE la semaine dernière, la Banque d’Angleterre a également décidé de relever son taux directeur de 25 points de base hier. Celui-ci s’élève désormais à 4,50 %. Comme le veut la tradition à la BoE, la décision n'a pas été prise à l'unanimité. Deux « colombes » ont de nouveau voté en faveur d’un statu quo.
Cette hausse de taux était « inévitable » au vu du raisonnement exposé par la BoE en mars. La banque centrale est quasiment certaine que l’inflation connaîtra un net ralentissement plus tard dans l’année. Dans ce contexte, elle a précisé qu’elle relèverait encore les taux surtout si la pression sur les prix s'avérait plus tenace que prévu. Avec une inflation de plus de 10 % en mars, un rapport sur le marché de l’emploi robuste et l'amélioration des chiffres d’activité, Bailey et ses collègues se sont vus contraints de procéder à un resserrement. En outre, la BoE vient de recevoir son rapport de politique trimestriel, avec de nouvelles prévisions économiques. Celles-ci ont également été fortement revues à la hausse. Sur la base d’une courbe des taux du marché culminant à 4,75 % (4,25 % en février), la BoE table toujours sur une accélération de la croissance et de l’inflation. Elle table ainsi sur une croissance nulle pour l’année en cours, contre une contraction de 0,7 % en février. Sur les 12 prochains mois, la croissance est désormais attendue en territoire positif (0,9 %, contre -0,3 % en février) et à 0,7 % l’année suivante. La banque a aussi revu ses prévisions d’inflation pour les 12 prochains mois à la hausse, à 3,4 % en glissement annuel (contre 1,0 %). Au deuxième trimestre de 2025 et 2026, l’inflation retombera en revanche à respectivement 1,1 % et 1,2 %, soit nettement en dessous de l’objectif de 2 %, même si la BoE met en garde contre des risques haussiers considérables. Le taux de chômage restera bas plus longtemps et ne dépassera la barre des 4 % qu’en 2025.
Face à l'amélioration des données économiques et des perspectives, la logique voudrait que la BoE relève aussi ses taux en juin. Pourtant, la décision de la banque centrale et ses nouvelles prévisions n'ont pas poussé le marché à revoir cette probabilité à la hausse. Ce dernier table toujours sur un pic des taux entre 4,75 % et 5 % d’ici la fin de l’été. Ce doute est probablement dû au ton « conditionnel » adopté par la BoE par rapport à d'éventuels nouveaux resserrements. Comme en mars, Bailey et ses collègues conditionnent de nouveaux relèvements de taux à une inflation plus tenace qu'ils ne l'auraient prévue. Cela a été le cas récemment, mais que se passera-t-il si l'inflation montre des signes d'essoufflement en avril ou en mai ? Le marché craint clairement que le débat interne autour d’une pause ne reprenne au sein de la BoE. Le président de la BoE, Andrew Bailey, a évoqué cette possibilité dans un entretien avec Bloomberg après la décision de politique. Cela rend le message de la banque centrale encore plus flou et renforce le sentiment que les taux ne seront rehaussés que « s'il le faut vraiment ».
Cette « réticence » à relever les taux n’aide pas la devise. Après le récent rebond dû à l’amélioration des données, la livre a de nouveau reculé d’un cran hier. Après une brève échappée sous la barre de 0,87, le cours EUR/GBP est de retour en terrain connu, aux alentours de 0,8720. La livre risque de connaître un nouvel affaiblissement en cas de chiffres d’inflation plus bas que prévu au mois d’avril (publication le 24 mai).