Le forint et la couronne en perte de vitesse?
Pour les marchés, la question à un (ou plusieurs) million(s) reste de savoir à quel rythme l’inflation ralentira cette année. De fait, pour presque toutes les banques centrales, ce sera un facteur déterminant pour le pic des taux dans le cycle monétaire et la durée pendant laquelle les taux élevés devront être maintenus. Avec la publication du taux d’inflation aux États-Unis demain, nous aurons une nouvelle pièce du puzzle extrêmement importante pour la politique de la Fed, qui pourrait avoir des répercussions sur la politique monétaire à l’échelle mondiale.
Vendredi, des taux d’inflation ont d’ores et déjà été publiés en Europe centrale, pour la République tchèque et la Hongrie. Commençons par un constat général pour les deux pays concernés, mais aussi par rapport à de nombreux autres taux d’inflation (européens). La dynamique des prix en janvier a souvent été fortement ‘perturbée’ par l’adaptation des mesures de soutien prises par les gouvernements l’an dernier pour modérer le coût de l’énergie et d’autres produits pour les citoyens. En raison de ces facteurs techniques, il est plus difficile d’obtenir un bon aperçu de la dynamique sous-jacente.
Après cette précision, voyons de plus près la situation en Hongrie. L’inflation générale y a grimpé à 25,7% (de 24,5%)! L’inflation de base (hors impôts indirects) a également augmenté, à 25,3%. En raison des effets de base positifs des prochains mois, ces chiffres de janvier pourraient être le pic. La forte hausse persistante de l’inflation des services (2,4% en glissement mensuel et 11,3% en glissement annuel) tempère cependant l’enthousiasme. Les hausses salariales élevées (> 15%) ne sont pas étrangères à ce phénomène. La MNB applique toujours un ‘taux d’intérêt d’urgence’ sur l’argent au jour le jour de 18% et le vice-gouverneur Virag a prévenu ce week-end qu’il faudrait faire preuve de patience avant que ce taux d’urgence puisse retrouver des niveaux proches du taux directeur officiel (qui n’a pas encore été utilisé pour l’instant) de 13%. Outre l’inflation, Virag veut obtenir plus de clarté par rapport à d’autres facteurs importants pour maintenir le calme vis-à-vis du forint, dont un résultat positif dans la discussion avec l’UE sur le dégagement des fonds européens. Si les planètes s’alignent, nous entrevoyons une éventuelle première réduction prudente du taux d’intérêt d’urgence de 18% fin mars. La reprise du forint de son plancher de EUR/HUF 434 en octobre à EUR/HUF 388 aujourd’hui montre que la MNB a gagné en crédibilité. Quoi qu’il en soit, vu la difficulté de trouver le bon moment pour la réduction progressive des mesures d’urgence financières de la MNB et le sentiment moins positif à l’égard du risque, le forint a peut-être déjà engrangé ses gains les plus faciles.
En République tchèque, la situation semble meilleure. Là aussi, l’inflation a légèrement augmenté en janvier pour atteindre 17,5% en glissement annuel, notamment en raison de la réduction progressive des subventions énergétiques. Mais l’inflation de base a ralenti plus rapidement que ce à quoi la CNB s’attendait, à 12,3%. Avec les effets de base positifs, cela donne à la CNB l’espoir d’une baisse rapide de l’inflation en dessous de 10% au second semestre, voire d’un retour vers 2,0% l’année prochaine. De nombreux facteurs pourraient encore perturber ce scénario, mais en l’état, des abaissements du taux directeur de 7,0% à 6,0% au T4 seraient envisageables. La couronne a récemment enregistré de fortes performances. Si l’inflation ralentit comme prévu et que la CNB abaisse assez rapidement les taux par rapport aux autres banques centrales, une couronne forte sera également moins prioritaire d’un point de vue de politique monétaire. À ce moment-là, les interventions de soutien ne seront plus du tout à l’ordre du jour. La couronne pourrait alors lever le pied, avec un retour du cours EUR/CZK en direction de 24,00/24,50 au second semestre.