PMI : pas de récession ; pression persistante sur les prix
Les S&P Global PMI publiés ce matin nous permettent de prendre à nouveau le pouls de l’économie, notamment en Europe. Après le plus bas cyclique de 47,3 atteint par le PMI de l’UEM en novembre, l'espoir était que l'Europe puisse s'en sortir avec une légère récession, notamment grâce au recul des prix de l’énergie. Cette analyse est toujours valable aujourd'hui.
Au niveau de l’UEM, l’indice général (composite) de l’activité continue de se redresser et est même repassé juste au-dessus du seuil de 50, lequel marque la limite entre la croissance et la contraction (de 49,3 à 50,2). Après six mois de recul, on peut à nouveau parler (espérer) d'une croissance modeste. La reprise de l’activité est principalement due au secteur des services (de 49,8 à 50,7). La production manufacturière s'affiche toujours en légère contraction (49), mais ce recul est le plus faible enregistré depuis juin de l’année dernière. En ce qui concerne les pays individuels, seules les séries pour la France et l’Allemagne ont jusqu'à présent été publiées. Avec un indice général de respectivement 49 et 49,7, ces grandes puissances européennes ne font pas partie des principaux moteurs de la reprise. Pour le « reste » de l’Europe, S&P Global pointe un retour en territoire positif de la croissance dans le secteur des services. L’activité dans l’industrie manufacturière stagne. Il faut surtout noter l'amélioration encourageante des attentes pour les 12 prochains mois (plus forte amélioration depuis mai 2020 !). Ce regain d'espoir ne se reflète pas encore dans un rebond des commandes, mais le recul de celles-ci ralentit. Les attentes positives incitent les entreprises à de nouveau embaucher davantage de personnel.
Outre cette relative amélioration de l’activité (attendue), la pression sur les coûts continue aussi de diminuer. Cela s'explique par le recul des prix de l’énergie et par la détente observée dans les chaînes d’approvisionnement. On parle néanmoins toujours de "retard". La pression sur les coûts reste historiquement élevée. En outre, la diminution de la pression ne se traduit pas encore au niveau des prix à la production, bien au contraire. Les entreprises tentent de restaurer leurs marges et répercutent les coûts de l’énergie et les augmentations des coûts salariaux. S&P Global en arrive à la conclusion que l’Europe pourrait éviter une récession, même si la demande reste faible. La hausse persistante des prix de vente et les pénuries observées sur le marché de l’emploi, de même que les hausses des salaires, renforcent le scénario d’un nouveau resserrement de la politique monétaire, même si cela reste un difficile exercice d’équilibriste.
La réaction des marchés après la publication des PMI reste modérée, mais paraît quelque peu contre-intuitive. Les taux swaps européens sont en légère baisse (1 pb), après leur récente reprise. Pourtant, l'amélioration de la croissance et des perspectives de croissance, le renforcement des prix à la production et la pression sur les salaires forment une combinaison qui devrait conforter la BCE dans son idée de relever encore son taux directeur de 50 points de base lors des prochaines réunions. La réaction demeure timide sur les marchés boursiers (-0,1 % pour l'EuroStoxx50). Le cours EUR/USD perd légèrement du terrain et tourne autour de 1,0865. Le niveau de résistance de 1,0942 reste pour le moment bien protégé. À cet égard, nous attendons avec impatience la publication des PMI américains, prévue cet après-midi à 15h45. Le dollar (et les taux américains) s’est récemment montré sensible (de façon sélective) aux mauvaises nouvelles, tant sur le plan des prix que sur le plan de l’activité.