Les relèvements de taux se suivent et se ressemblent!

Les marchés

Elles se bousculent! C’est au tour de la Banque du Canada (BoC) de se lancer pour de bon dans la lutte contre l’inflation. Après un début traditionnel du cycle des taux en mars (+25 points de base), 50 points de base se sont ajoutés hier. Le taux directeur s’élève maintenant à 1%. Lors de la conférence de presse, le gouverneur Macklem a insisté sur le fait qu’au besoin, la banque centrale pourrait et n’hésiterait pas à intervenir de façon encore plus énergique. Pour lui, les taux doivent retrouver le plus vite possible un terrain au moins neutre, c’est-à-dire avant que des doutes et des incertitudes (relatifs à la croissance) ne gâchent l’occasion. De plus, la BoC a relevé son estimation du taux neutre nominal de la zone 1,75%-2,75% à la zone 2%-3%. Dans cet esprit, des relèvements des taux d’intérêt de 50 points de base (au moins) en juin, en juillet et en septembre sont pratiquement sûrs et certains.

Plus encore, la BoC met un terme à sa politique de réinvestissement, avec effet quasi immédiat. Les moyens des obligations d’État arrivant à échéance – le produit des incitants monétaires débridés mis en œuvre ces dernières années – ne seront donc plus réalloués. La banque centrale retire ainsi des liquidités du marché tout en réduisant le total du bilan. D’ici la fin de l’exercice fiscal 2024 (le 30/09/2024), il ne s’élèverait plus qu’à 155 milliards C$, contre 422 milliards C$ actuels. Ces décisions pourraient inspirer la réunion de la Fed début mai…

Cet état d’alerte accru est dû aux nouvelles prévisions de croissance et d’inflation. La BoC s’attend à présent à n’atteindre l’objectif d’inflation qu’en 2024 plutôt qu’en 2023. La pression sur les prix résulte à la fois à de facteurs externes (chaînes de production, guerre russe en Ukraine) et internes (demande élevée). Au premier semestre de cette année, le niveau des prix se maintient en moyenne à environ 6% en glissement annuel. Pour le milieu de l’année prochaine, la banque centrale projette 2,5%. En outre, le taux d’inflation absolu devrait encore augmenter prochainement, car le bureau canadien des statistiques, Statistique Canada, prévoit d’inclure les prix des voitures d’occasion au calcul officiel de l’IPC. Enfin, le gouverneur Macklem met en garde contre le risque que les consommateurs et les entreprises tiennent désormais compte d’une hausse (structurelle) de l’inflation dans leurs attentes.

Pour l’heure, la croissance économique robuste donne à la banque centrale la marge de manœuvre nécessaire pour combattre l’inflation. Le premier trimestre a été meilleur que prévu et la dynamique de croissance s’accélérera encore au prochain trimestre. Les prévisions pour 2022 et 2023 s’élèvent respectivement à 4,25% et 3,25%. La pénurie sur le marché du travail et la pression salariale stimulent encore davantage la reprise. Après la pandémie, la demande intérieure s’est redressée, et la hausse des cours des matières premières donne un coup de pouce supplémentaire à l’économie canadienne. Macklem évite tout juste de prononcer le mot “surchauffe”.

Depuis le mois dernier, les marchés des taux canadiens ont anticipé le signal fort d’hier, à la suite d’une allocution de Macklem qui avait laissé présager le revirement en livrant sa propre version d’un “whatever it takes”. Le dollar canadien a encore gagné du terrain, un mouvement amplifié par la faiblesse du dollar et la hausse du prix du pétrole. Le cours USD/CAD est retombé de 1,267 à 1,255. Le niveau de support se situe dans un premier temps autour de 1,245.

Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC

USD/CAD: la rupture technique issue de la tendance haussière reste acquise

Bron: Bloomberg

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