Inflation hongroise: encore une hausse dans un premier temps...
La Hongrie a publié ses chiffres d’inflation pour décembre vendredi dernier. Des premiers signes d'essoufflement sont actuellement observés dans de nombreux pays. Ce n'est pour le moment pas encore le cas en Hongrie. Bien au contraire. L’inflation générale a encore augmenté et est passée de 22,5 % à 24,5 %. L’inflation de base s’est également accélérée, de 24 % à 24,8 %. Pour rappel, la banque centrale hongroise (MNB) s'est fixé un objectif d’inflation de 3 % (avec une marge de tolérance de +/-1 %). L’augmentation est en partie due au relèvement d’un plafond pour les prix des carburants. D’un autre côté, les prix de l’alimentation et du gaz ont évolué de façon favorable, sans quoi l’inflation aurait probablement dépassé 25 %. La probabilité que ce cap soit franchi au début de cette année n’est cependant pas exclue. Début janvier, de nombreuses listes de prix sont traditionnellement adaptées et alignées sur les coûts sous-jacents. Les importantes hausses salariales (18,4 % en novembre) dues à la pénurie sur le marché de l’emploi et à une série de mesures de soutien prises par le gouvernement continuent de peser sur la facture finale du consommateur, surtout au niveau des services. Il est donc probable que, même avec des effets de base favorables, il faudra attendre juillet pour voir l’inflation repasser sous la barre des 20 %. Et en automne, le taux pourrait être inférieur à 10 %.
La MNB connaît donc un début d'année compliqué. La banque a mis en place un cadre complexe fait de plusieurs niveaux de taux d’intérêt et de mesures de restriction des liquidités, en principe pour contenir l’inflation, mais surtout pour garantir la stabilité du marché (surtout la valorisation du forint). En « principe », la banque centrale hongroise estime qu’un taux directeur de 13 % suffit pour maîtriser l’inflation et ancrer les prévisions d’inflation. La MNB estime qu’elle ne doit pas intervenir contre l’inflation qui découle d’un choc externe, comme la hausse des prix de l’énergie, qui a déjà pour effet de freiner la demande intérieure. Le marché n’était/n’est pas vraiment d’accord. Lorsque la banque a annoncé en septembre qu’elle ne relèverait pas son taux directeur au-delà de 13 %, le forint est rapidement tombé à un nouveau plancher historique proche de EUR/HUF 430. Afin d’éviter une nouvelle chute de sa monnaie, la MNB a mis en place un taux d’intérêt d’urgence (au jour le jour) de 18 %, ainsi que d’autres mesures visant à réduire la liquidité du marché.La pression est ainsi progressivement retombée. Le cours EUR/HUF cote actuellement autour de 400, ce qui reste faible.
Que pouvons-nous attendre d’autres pour cette année ? Pour diminuer le taux d’intérêt d’urgence de 18 %, il faudra que le forint tienne bon et que la stabilité financière soit garantie. Cela dépendra en partie de facteurs domestiques. Un accord avec l’Europe pour débloquer les fonds de relance serait assurément une bonne chose, mais ce dossier s'avère extrêmement complexe. Le sentiment général vis-à-vis du risque reste également très important pour le forint. Or, la MNB n'a que peu de prise sur cette variable. Dans un scénario favorable, la MNB pourrait, lors de sa réunion de politique de fin février, doucement commencer à réduire le taux d’urgence en direction du taux directeur. Les inconnues restent néanmoins très nombreuses. Si l’inflation chute en dessous de 10 % au second semestre, cela ouvrira théoriquement la porte à un abaissement progressif du taux de base. Pour que ce scénario se réalise, beaucoup de conditions devront aussi être remplies et les dominos devront tomber du bon côté. Dans ce contexte, nous restons neutres voire relativement prudents vis-à-vis du forint sur le court terme, surtout au vu des tensions géopolitiques et économiques et du climat incertain sur les marchés.