La Chine reçoit son bulletin du FMI
Vendredi dernier, comme chaque année, le FMI a publié le rapport sur l’article IV pour la Chine. Ce document volumineux présente une analyse détaillée de l’économie chinoise. La stature du FMI en tant qu’institution internationale et la portée du rapport font de l’article IV un document de référence d’une importance particulière, dont les conclusions peuvent affecter l’économie d’un pays. Un peu comme un élève puni pour ses mauvaises notes… Cependant, le rapport ressemble fort à celui des années précédentes et la question est de savoir s’il aura un impact.
Une élève influente
Bien entendu, la Chine n’est pas n’importe quelle élève de la classe: elle exerce une certaine influence sur son ‘professeur’, le FMI, en tant qu’un des actionnaires les plus importants du Fonds et aussi l’un des plus sensibles à sa réputation. Chaque année, le FMI est donc confronté à un exercice d’équilibriste, entre le maintien de sa crédibilité en tant qu’institution internationale appliquant des normes rigoureuses et la pression exercée par les autorités chinoises. Avant que le rapport définitif ne voie le jour, il y a de nombreuses allées et venues entre les parties prenantes.
Une année décevante, mais des améliorations en vue
2022 a été une année difficile pour l’économie chinoise. La croissance réelle du PIB, qui s’est établie à 3% selon une première estimation, était largement inférieure à l’objectif de 5,5%. Ce ralentissement inattendu s’explique principalement par la politique zéro covid du gouvernement, mais aussi par le recul considérable du secteur immobilier après les tentatives d’assainissement des pouvoirs publics (voir graphique).
À la fin de l’année dernière, les autorités ont renoncé à leur politique zéro covid et ont assoupli les règles strictes applicables au secteur immobilier. Ces mesures devraient rapporter de meilleurs résultats en 2023. Selon les estimations du FMI, la croissance réelle du PIB pourrait atteindre 5,2% cette année. La normalisation de l’activité de la Chine donnera un coup de pouce à la croissance mondiale, mais d’un autre côté, le ralentissement prévu de la croissance dans les économies développées affectera aussi les résultats du pays.
Report des matières difficiles
Le secteur immobilier chinois est un point d’attention important dans le rapport sur l’article IV du FMI. L’annulation rapide des mesures visant à assainir le secteur immobilier illustre bien la manière dont le gouvernement chinois interrompt souvent les réformes structurelles ou les reporte, dès lors qu’un impact sur les chiffres de la croissance se fait sentir. En période de crise, Pékin en revient souvent à d’anciennes recettes, comme le soutien au secteur immobilier, artificiellement gonflé par les investissements réalisés par des entreprises d’État peu productives. Cela pourrait entraver la réallocation des facteurs de production vers des entreprises et des secteurs plus productifs, et par conséquent le potentiel de croissance. Une telle réallocation s’impose pourtant, vu la baisse structurelle de la productivité et les défis démographiques auxquels la Chine est confrontée.