La banque centrale tchèque ouvre-t-elle la porte à un relèvement?
Pour les ‘grandes’ banques centrales, la question est de savoir dans quelle mesure elles relèveront encore les taux d’intérêt cette année pour dompter durablement l’inflation et ancrer à nouveau les prévisions inflationnistes. Mais en Europe centrale, la politique monétaire est déjà entrée dans une autre phase. Bien que l’inflation (22,5% en Hongrie, 17,5% en Pologne et 16,2% en République tchèque) soit encore largement supérieure à l’objectif, les banquiers centraux estiment avoir suffisamment relevé les taux pour pouvoir reprendre le contrôle de l’inflation (sous-jacente) dans un ‘délai raisonnable’. L’objectif n’est pas de durcir inutilement la politique pour lutter contre l’inflation ‘d’origine externe’ (à savoir, énergétique). La politique n’a que peu d’emprise sur ce point, car quoi qu’il en soit, ce type d’inflation fait baisser les revenus et la demande. Le marché se demande donc quand il sera possible d’abaisser les taux. À cet égard, lors de sa réunion de politique du 21 décembre, la banque centrale tchèque (CNB) a apporté quelques précisions intéressantes.
Comme prévu, la CNB a laissé son taux directeur inchangé à 7%. Le comité de politique reste divisé, entre une minorité de faucons monétaires (deux gouverneurs ont voté un relèvement de 50 pb) et une majorité de partisans du statu quo (cinq) qui soutiennent la position du président Michl. Le comité a pris acte du ralentissement quelque peu inattendu de l’inflation depuis octobre, même si celui-ci est surtout dû à des facteurs techniques (prise en compte des mesures publiques visant à réduire la facture énergétique). Pour janvier, la CNB table sur une dernière hausse de l’inflation en direction de 20%, après quoi elle espère une tendance à la baisse constante vers l’objectif de 2% au deuxième trimestre de 2024. En même temps, Michl et ses collègues se sont montrés étonnamment explicites quant aux risques qui pèsent sur leur scénario optimiste. Les principaux facteurs susceptibles d’hypothéquer la baisse de l’inflation (sous-jacente) sont des hausses salariales plus élevées que prévu et une politique fiscale trop souple. La CNB a donc communiqué un message très clair aux marchés. À la prochaine réunion de politique début février, il y aura deux options possibles: le maintien du statu quo… ou un relèvement des taux. La banque centrale déclare ouvertement que les attentes du marché (à savoir, plus de relèvement des taux) seront peut-être déçues.
Mais comme le marché monétaire américain, le marché monétaire tchèque n’est pas enclin à croire sa banque centrale sur parole et considère que la probabilité d’un relèvement des taux d’intérêt est faible. Néanmoins, les investisseurs prennent finalement conscience qu’il n’est pas réaliste d’espérer un abaissement en été. Ce débat pourrait s’ouvrir vers la fin de l’année dans le meilleur des cas, si toutes les conditions sont réunies.
Sur le marché des changes, la couronne tchèque continue à faire preuve de performances méritoires. Contrairement au zloty polonais et surtout au forint hongrois, la devise a bénéficié d’une solide couverture l’année dernière, grâce aux réserves de change importantes prévues par la CNB pour atténuer la pression inflationniste d’une devise plus faible. Même après les précisions de la CNB, plus tard dans l’année, la dynamique relative des taux d’intérêt entre la couronne et l’euro devrait favoriser la monnaie unique. Le cours EUR/CZK a percé son plancher de 2022 (24,09). La couronne se rapproche de son niveau le plus élevé depuis 2011 (EUR/CZK 23,93). La CZK maintient un élan positif à court terme, même si de nombreuses bonnes nouvelles (relatives aux taux ou non) ont déjà été prises en compte.