Une semaine cruciale pour les marchés en quête de signes de croissance
La Chine a publié ce matin l'indice Caixin PMI, qui reflète la confiance des entrepreneurs de l'industrie manufacturière. L'indicateur affichait 50,8 points et a donc dépassé la prévision de 50,0 points du consensus, laquelle correspond à un niveau neutre ne reflétant ni croissance économique ni contraction. Cet indice privé succédait au PMI "officiel" publié hier, selon lequel la confiance dans l'industrie manufacturière s'est établie à 50,5 points (venant de 49,2). Selon ces chiffres, la croissance aurait donc pour ainsi dire déserté le secteur dans la 2e plus grande puissance économique au monde. Il s'agit là d'un présage économique à ne pas négliger, d'autant que l'industrie manufacturière a en Chine valeur d'indicateur précurseur pour l'économie au sens large. Et pourtant, les gros titres étaient plutôt constructifs ce matin: le ralentissement de la croissance chinoise — et par extension de la croissance mondiale — se stabilise. La réaction du marché, elle aussi, était éloquente. Les bourses ont progressé, la Chine en tête. Nous sommes d'avis que l'évolution observée en Asie (en bourse) est plutôt révélatrice de l'état d'esprit du marché que de la situation sous-jacente de l'économie: les investisseurs sont en quête d'éléments de nature à confirmer la croissance.
Nous avions déjà indiqué que dans cette phase du cycle économique, le marché est particulièrement sensible à toutes les statistiques relatives à la croissance. La réaction asiatique nous conforte dans cette idée. À cet égard, le calendrier économique sera des plus intéressants cette semaine. Markit vient d'encore revoir à la baisse les PMI définitifs (de l'industrie manufacturière) pour la France (49,7), l'Allemagne (44,1) et la zone euro au sens large (47,5). L'Espagne franchit à nouveau la barre des 50 points, mais l'Italie s'enfonce plus profondément dans la zone correspondant à une contraction de l'économie. Cet après-midi, les États-Unis prendront le relais pour le reste de la semaine.
Cet après-midi, les ventes au détail américaines (février) et surtout l'indice ISM reflétant la confiance des entrepreneurs de l'industrie manufacturière pourront compter sur beaucoup d'attention de la part des marchés. En février, ce dernier indicateur était retombé de 56,6 à 54,2 points. Selon la presse spécialisée, ce repli était au moins en partie à attribuer aux conditions climatiques défavorables. Le marché table lui aussi sur une légère remontée en mars, jusqu'à 54,5 points. Demain, nous découvrirons les chiffres des commandes de biens durables aux États-Unis. Ces statistiques correspondent approximativement à la composante d'investissements du PIB. La journée de mercredi sera cruciale. Le rapport sur l'emploi d'ADP (prévision de 175.000 nouveaux emplois) lèvera-t-il déjà un coin du voile sur ce que nous réserve vendredi la publication des "payrolls" de mars (175.000 nouveaux emplois attendus après le résultat lamentable de février)? Quoi qu'il en soit, l'indice ISM des services (pour lequel les prévisions tablent sur un résultat brillant de 58,0 points) renferme une plus grande valeur prédictive pour l'économie et mérite dès lors sans doute davantage notre attention. Enfin, c'est aussi mercredi que les États-Unis et la Chine reprendront leurs négociations commerciales dans une tentative de dissiper le nuage noir qui plane sur l'économie.
Les statistiques pourraient revêtir une importance cruciale pour plusieurs marchés. Après avoir progressé de 15% en moyenne en 2019, les bourses américaines se heurtent désormais à une certaine résistance. La semaine dernière, le taux américain à 10 ans est retombé à son niveau le plus bas depuis décembre 2017, mais il est dans l'intervalle remonté de plus de 10 points de base. Le différentiel EUR/USD est descendu en direction de la limite inférieure de sa fourchette de 1,12/15. Nous ne sommes cependant pas convaincus que des statistiques favorables suffiront à imprimer un nouvel élan au rally "américain" dicté par la propension au risque. Le risque se situe plutôt au revers de la médaille. La moindre déception pourrait en effet raviver les craintes à l'égard de la croissance mondiale. Pour permettre aux taux d'intérêt américains et/ou au dollar de progresser, il en faudra sans doute davantage qu'une semaine de statistiques favorables.