Dialogue difficile entre l'Italie et l'Europe

Les marchés

Les bourses américaines ont de nouveau dévissé hier soir, avec une perte supérieure à 2%. L'indice technologique Nasdaq a été le mauvais élève de la classe (-2,8%). Les investisseurs et les analystes craignent de plus en plus que les ventes d'iPhones du géant Apple aient atteint leur pic. Les valeurs sûres que sont les obligations d'État et le dollar ont profité de cette aversion pour le risque (baisse des taux américains et allemands). Un mouvement qui n'est pas observé ce matin en Asie et en Europe, même si la reprise des cours reste extrêmement fragile. D'un point de vue technique, la correction baissière pourrait encore se poursuivre.

Tous les yeux sont tournés vers l'Italie. Le gouvernement italien a jusqu'à ce soir pour revoir sa copie après l'avis négatif émis par la Commission européenne à propos du projet de budget pour l'année prochaine. Pour résumer, le nouveau gouvernement populiste entend tourner la page de l'austérité afin de pouvoir réaliser ses promesses de campagne. L'Europe prône en revanche toujours l'orthodoxie budgétaire, afin d'éviter une nouvelle crise des dettes. L'impasse est donc totale. Aucune des deux parties ne semble disposée à mettre de l'eau dans son vin. Dans ce contexte, la prime de risque italienne sur le marché des taux continue de grimper au-dessus des 300 points de base. Nous pensons cependant que les mauvaises nouvelles sont suffisamment intégrées pour le moment.

Après ce soir, la balle se trouvera de nouveau dans le camp de l'Europe. Si l'Italie ne modifie pas son budget, la Commission européenne devra de nouveau prendre la plume pour lui signifier qu'elle en informera les ministres européens des Finances (ECOFIN). La Commission estime que le déficit budgétaire de Rome dépassera les 3% du PIB en 2020. Le 4 décembre, l'ECOFIN pourrait donc décider de placer le pays sous surveillance plus étroite via la procédure de déficit excessif et de lui infliger une amende d'au moins 0,2% du PIB. Nous pensons que le problème va persister au moins jusqu'à cette date, ce qui aura pour effet de freiner toute reprise significative des actifs italiens et de l'euro.


Accord imminent sur le Brexit?

Lorsque l'on évoque un problème persistant, on pense automatiquement aussi aux négociations sur le Brexit. Ces dernières heures, certains commentaires laissent cependant sous-entendre que les deux parties se trouveraient dans la dernière ligne droite. Ce matin, le numéro deux du gouvernement de Theresa May, David Lidington, a déclaré à la BBC qu'un accord allait peut-être être trouvé dans les 24 à 48 heures. La principale pierre d'achoppement reste les détails de la solution pour l'Irlande. Hier, la Première ministre britannique a même expliqué que les discussions étaient en phase de "dénouement" et qu'un nouveau sommet européen pourrait encore être tenu le 25 novembre. Mais Theresa May devra ensuite encore franchir l'obstacle le plus difficile, car elle espère que le Parlement approuvera l'accord sur le Brexit avant la Noël. Les propositions qui ont été jusqu'à présent mises sur la table seront vraisemblablement rejetées par l'une ou l'autre fraction au sein du Parlement. Quoi qu'il en soit, la livre sterling surfe aujourd'hui sur la vague positive et s'affiche en hausse par rapport à l'euro. Le cours EUR/GBP recule de nouveau en direction de 0,87. Nous pensons cependant qu'il n'y a pas encore suffisamment d'avancées concrètes pour justifier une rupture franche en dessous de ce niveau.
 

Figure - Le cours EUR/GBP touche la limite inférieure de sa fourchette de fluctuation en raison d'un regain d'optimisme à propos du Brexit.

Source : Bloomberg

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