L’offre pèse sur la croissance chinoise
Ce matin, la Chine a de nouveau pris le monde de vitesse: c’est la première des grandes économies à publier les chiffres de la croissance du PIB pour le troisième trimestre de cette année. Avant de nous plonger dans les données, rappelons encore notre avertissement habituel. Car comme vous le saurez déjà, la rapidité à laquelle la Chine publie ses chiffres est souvent au détriment de l’exactitude.
Pour le troisième trimestre de cette année, l’économie chinoise a de nouveau enregistré une croissance plus lente qu’au cours du trimestre précédent. Sur une base trimestrielle, le PIB n’a progressé que de 0,2%. C’est à la fois un repli considérable par rapport à l’évolution de 1,3% du deuxième trimestre et moins que le gain de 0,4% attendu. Par rapport au même trimestre de l’année dernière, la croissance n’a pas atteint 5%, tandis que l’économie a progressé de 9,8% en glissement annuel pour l’année 2021 en cours (janv.-sept.). Les deux indicateurs poursuivent ainsi le net recul enregistré au deuxième trimestre (à 7,9% et 12,7%). Hormis la répartition sectorielle, il n’y a pas encore beaucoup de détails disponibles: même la Chine a besoin d’un peu plus de temps pour cela. Toutefois, la série de données mensuelle que Pékin publie en même temps permet de tirer certaines conclusions. Le chiffre d’affaires des commerces de détail chinois a progressé de 16,4% au cours des neuf premiers mois de cette année par rapport à la même période l’an dernier, grâce à une reprise de la consommation de services. Ce n’est pas un mauvais résultat, même si la faiblesse de la base de comparaison gonfle toujours la série. À titre de comparaison, en 2019, ce même chiffre fluctuait entre 8 et 9%. En glissement annuel, les ventes ont augmenté de 4,4% en septembre, soit plus que les 2,5% enregistrés en août. Rien de spectaculaire, mais ce résultat a le mérite de rompre avec la tendance baissière en cours depuis mars. En revanche, l’on ne peut pas en dire autant de la production industrielle (3,1% en glissement annuel), ni des investissements en capital (7,3% en glissement annuel), deux indicateurs qui souffrent de l’intensification de la crise énergétique. Par manque d’électricité, certaines usines ont dû fermer leurs portes. De plus, les confinements localisés mais souvent sévères pour contrer les recrudescences sporadiques du virus sont une source permanente d’incertitude pour les entreprises. Enfin, les mesures strictes visant l’immobilier chinois ont laissé des séquelles, comme en témoignent Evergrande, Fantasia ou encore Sinic & Co. Les investissements dans le secteur, qui représente près d’un quart du PIB chinois, accusent un repli de 8,8% en glissement annuel (janv.-sept.) et tombent à leur niveau le plus bas depuis 2019. À cet égard, il ne semble pas que la Chine s’apprête à changer son fusil d’épaule.
Même constat pour la banque centrale chinoise: lors d’un entretien mené le week-end dernier, le gouverneur Yi Gang a déclaré que les risques immobiliers étaient maîtrisables. La PBOC n’est pas encline à réduire rapidement son principal outil de politique, les réserves obligatoires, pour soutenir la croissance. C’est compréhensible: le ralentissement actuel trouve surtout son origine du côté de l’offre, sur lequel la politique monétaire a généralement peu d’influence. Cela signifie cependant que ces facteurs défavorables devraient continuer à peser sur le trimestre en cours, peut-être même proportionnellement davantage. Autrement dit, un renversement de la tendance actuelle n’est pas à l’ordre du jour. Néanmoins, le yuan chinois a réagi avec stoïcisme, peut-être en partie grâce à l’attitude de la banque centrale. En 2021, le cours USD/CNY s’est stabilisé aux alentours de 6,45. La paire gravite actuellement autour de ce niveau (6,43). À court terme, KBC Economics ne s’attend pas à ce que cet équilibre soit perturbé.