Zloty polonais sur des montagnes russes
Le cours EUR/PLN a eu un parcours chahuté la semaine dernière. Nous avons déjà évoqué la forte hausse du PLN de 4,62 à 4,55 suite à la décision surprise de la banque centrale de changer son fusil d’épaule et de procéder à un premier relèvement de taux de 0,1 % à 0,5 %. Le cours est ensuite revenu à la case départ. Pour commencer, le gouverneur de la banque, Adam Glapinski, a tempéré les attentes par rapport à une nouvelle intervention imminente. En outre, un jugement controversé du Tribunal constitutionnel polonais a aussi provoqué une dégradation du sentiment vis-à-vis du zloty sur le court terme. Le tribunal a statué que certaines législations de l’UE ne s’appliquaient sur le territoire polonais. Cela fait déjà quelques années que l’UE et la Pologne se livrent une bataille juridique. La Pologne se trouve sous le coup de la procédure de l’Article 7 qui, selon le traité européen, peut suspendre certains droits d’un État membre de l’UE. L’UE a lancé cette procédure en raison des mesures prises depuis des années par le pouvoir législatif en vue de mettre le pouvoir judiciaire sous tutelle, mais aussi, par exemple, de la chasse aux sorcières dans laquelle s'est lancé le gouvernement dans le but de brider la liberté de la presse. Sans parler de l'interdiction de l'avortement, un autre sujet brûlant. La dernière provocation en date de Varsovie a fait réagir plusieurs capitales européennes. Comme la menace de l'Article 7 ne fait manifestement pas forte impression, l’Europe envisage à présent de geler les subventions en faveur de la Pologne. Sont ici visées l'aide de 36 milliards d’euros prévue dans le cadre de la crise du Covid ainsi que les 139 milliards d’euros de subventions censées être versées via le budget européen d'ici à fin 2027. Les partis d'opposition polonais accusent à présent le PiS de vouloir orchestrer un POLEXIT.
La CZK ne se laisse plus surprendre
En septembre, l’inflation tchèque a augmenté de 0,2 % sur une base mensuelle et a, contre toute attente, accéléré sur une base annuelle, de 4,1 % à 4,9 %. Il s’agit du niveau le plus élevé enregistré depuis fin 2008 et d’un niveau nettement supérieur à l’objectif d’inflation de 2 % de la banque centrale tchèque (CNB). Dans le rapport d’inflation du mois d’août, la CNB tablait sur une hausse à 3,2 %. Cette progression plus forte que prévu est due tant à l'accélération de l’inflation sous-jacente de base qu’à la hausse des prix alimentaires. Le président de la CNB, Jiří Rusnok, s’est ensuite empressé d’attirer l’attention sur la possibilité d’un nouveau relèvement de taux important (>25 pb) en novembre. Fin septembre, la banque centrale avait déjà surpris en doublant son taux directeur, de 0,75 % à 1,50 %.
Comment le marché a-t-il réagi ? La courbe des taux swaps tchèque a grimpé de 15 points de base sur sa partie courte (2 ans) et de 7 points de base sur sa partie longue. Cet aplatissement de la courbe est typique dans un cycle de resserrement monétaire. La courbe des taux swaps tchèque est en outre inversée à partir de 2 ans, signe d'un cycle de resserrement rapide et prononcé. Les taux du marché monétaire tchèque anticipent actuellement un taux directeur à 3 % dans les six mois et un pic aux alentours de 3,5 % dans un an. Sur le marché des changes, la couronne tchèque (EUR/CZK 25,40) a à peine gagné du terrain, ce qui est surprenant. La monnaie ne profite plus de ce soutien généreux des taux. En fait, le marché tient compte d’un cycle de taux agressif et est donc devenu difficile à surprendre. Après la décision inattendue de septembre, le niveau de support de EUR/CZK 25,25 a tenu bon. C’était déjà un premier signe. Le résultat surprenant des élections de ce week-end n'a laissé aucune trace. Ce n'est qu'une question de temps avant que les deux blocs d’opposition SPOLU et STAN ne mettent à profit leur majorité numérique pour remplacer le parti populiste ANO de l’homme d’affaires controversé Andrej Babis au pouvoir.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC