La RBA maintient son cap accommodant sur le long terme
Malgré la propagation du variant Delta, la banque centrale australienne (RBA) compte toujours réduire le montant de ses achats hebdomadaires d’obligations de 5 milliards à 4 milliards de dollars autraliens. Afin de compenser la contraction du PIB au 3e trimestre, elle a néanmoins décidé de poursuivre ses achats (au moins) jusqu’en février de l’année prochaine, au lieu de novembre. La RBA s’accroche par ailleurs au principe de contrôle de la courbe en appliquant un plafond de 0,1 % pour les taux directeurs jusqu’au taux à 3 ans inclus (spécifiquement : obligation d’État avec échéance en avril 2024). Les taux ne sont donc pas près d'être relevés. Le gouverneur Lowe et ses collègues conditionnent tout rehaussement de taux principalement à la pression sur les salaires. Tant que celle-ci ne ramène pas durablement l’inflation à l’objectif de 2 %-3 %, aucun relèvement ne sera à l'ordre du jour. La RBA ne prévoit pas cela avant 2024...
Ces jours-ci, l’Australie paie le prix d’une gestion différente de la pandémie. Down Under, les Australiens ont depuis longtemps misé sur une stratégie d’isolation maximale au lieu de se concentrer sur une vaccination maximale rapide. Le fait d'être une île a rendu possible cette approche, qui a rapidement porté ses fruits. Le PIB australien a ainsi déjà dépassé son niveau pré-Covid en termes absolus. L'arrivée du variant Delta, combinée à la lenteur de la campagne de vaccination, a néanmoins poussé le gouvernement à prendre de nouvelles mesures de confinement draconiennes, qui entraîneront une contraction du PIB au 3e trimestre. La croissance devrait reprendre à partir du 4e trimestre et devrait ainsi pouvoir avoir renoué avec le niveau qu'elle avait avant l'apparition du Delta d’ici au milieu de l’année prochaine. Les politiques monétaire et budgétaire accommodantes et les conditions financières souples (c’est-à-dire une devise relativement faible, des taux d’intérêt bas, une hausse des prix des actifs) contribueront à la reprise économique. Au deuxième trimestre, l’inflation australienne s’est accélérée de 0,8 % en glissement trimestriel à 3,8 % en glissement annuel, son niveau le plus élevé depuis le second semestre de 2008. Les détails montrent que ce sont surtout les prix de l’énergie et les effets de base qui ont pesé dans la balance. L’inflation de base sous-jacente a augmenté de 1,6 % en glissement annuel. La contraction attendue de la croissance au troisième trimestre et la reprise un peu plus lente attendue par la suite confortent la RBA dans sa conviction que le rebond de l’inflation principale observé actuellement ne sera que temporaire.
Le dollar australien a tenté de poursuivre sa récente remontée après la réunion de politique de la RBA, mais cela n'a pas duré. Du côté AUD de la comparaison, certains qui tablaient sur un report de la réduction des achats dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif ont jeté l’éponge. Cela n’a pas contrebalancé un "soft statement", alors que le dollar américain se porte mieux aujourd’hui de manière générale. Le cours AUD/USD redescend en direction de 0,74. La correction (à la baisse) du cours EUR/AUD prend aussi fin. EUR/USD 1,59 constitue un solide support et un pont trop loin. La paire de devises est passée au-dessus de 1,60. La dynamique de croissance relativement plus forte en Europe et les faibles attentes concernant une normalisation de la politique (d’achat) de la BCE suggèrent que l’euro pourrait reprendre le dessus sur le dollar australien.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC