Trump face à un choix: libre-échange ou protectionnisme?
La question du financement d'un mur à la frontière avec le Mexique est depuis quelque temps la cause d'une impasse politique à Washington. Lors de la campagne présidentielle de 2016, Donald Trump avait promis de mettre fin aux dangereux flux migratoires en provenance du Mexique. Mais les démocrates ne voulaient pas débourser le moindre cent pour ce projet qu'ils qualifient d'inefficace. Hier, une commission composée de 17 membres, tant démocrates que républicains, sont néanmoins parvenus à un accord.
L'accord prévoit le déblocage de "seulement" 1,4 milliard de dollars pour la construction d'une clôture de 55 miles (88km), soit largement moins que les 5,7 milliards de dollars/200 miles (3.218km) qu'espérait Trump. Les démocrates ont, à leur tour, accepté l'augmentation du nombre de "detention beds", qui correspond à la capacité prévue pour garder en détention des citoyens non américains dans l'attente d'un jugement définitif sur leur statut d'immigré. Le Congrès américain approuvera plus que probablement cette proposition de loi cette semaine, ce qui permettra d'éviter une nouvelle fermeture (partielle) des administrations fédérales. Le principal point d'interrogation reste cependant le président Trump. Sera-t-il prêt à accepter une proposition largement en deçà de ses attentes? Il lui reste encore la possibilité de provoquer un nouveau "shutdown" ou d'invoquer une question de "sécurité nationale" pour pouvoir obtenir les fonds dont il a besoin. Pour les marchés financiers, la suite des événements est toujours aussi difficile à anticiper. La légère hausse du taux à 10 ans américain peut être vue comme le signe timide que les marchés s'attendent à une issue positive.
Une délégation américaine se trouve actuellement à Pékin pour un nouveau round de négociation avec la Chine. Aucun réel progrès n'a encore été observé jusqu'à présent, si ce n'est la volonté affichée par les autorités chinoises d'accroître leurs importations de soja américain. Il y a peu, Trump avait déclaré qu'il ne rencontrerait pas le président chinois Xi Jinping avant la date butoir du 1er mars, réduisant ainsi considérablement les chances d'un accord. Cela ouvrirait donc la voie à l'augmentation des droits de douane (de 10% à 25%) sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises à partir du 1er mars. Ce matin, la Maison Blanche a néanmoins relancé l'espoir d'une issue positive en annonçant que Trump allait très prochainement rencontrer son homologue chinois. Peut-on s'attendre à une avancée concrète? Un report de l'échéance du 1er mars constitue aussi une possibilité.
Le dimanche 17 février constitue une autre échéance politique importante. Après l'accord provisoire trouvé entre Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en novembre, l'évolution de la relation commerciale entre Américains et Européens était repassée au second plan, notamment à cause des problématiques évoquées ci-dessus. À l'époque, le président US avait chargé son ministère du Commerce de réaliser une étude sur la possible menace que ferait planer les importations automobiles sur la sécurité nationale du pays. Cette commission présentera son rapport ce dimanche. Selon certaines sources, le ministère du Commerce devrait confirmer la nécessité de prendre des mesures. Trump aura alors 90 jours pour instaurer des droits de douane ou des quotas. Une décision qui risque de surtout faire mal à l'industrie automobile allemande.
Ces derniers temps, l'euro s'est montré sensible aux questions liées au commerce. Pour que la récente baisse du cours EUR/USD cesse, il faudra vraisemblablement que des signes montrent clairement des avancées tant dans les discussions entre la Chine et les États-Unis que dans le dossier des droits de douane américains sur les importations automobiles, ainsi qu'une timide reprise des données économiques européennes.