Le Delta ne déstabilise pas la Norges Bank
Lors de sa réunion de politique intermédiaire hier, la banque centrale norvégienne (Norges Bank) a une nouvelle fois confronté ses prévisions détaillées de juin à la réalité. Conclusion : "Nous nous en sommes encore bien sortis." Tout se déroule plus ou moins comme prévu, voire mieux. La Norges Bank (NB) prépare le terrain en vue de son premier relèvement de taux depuis 2018 le mois prochain.
L’activité norvégienne a progressé en avril et a dépassé les attentes en mai. La Norvège affiche un taux de vaccination élevé et les mesures de restriction ne sont donc plus nécessaires. Les chiffres publiés ce matin font état d'une croissance un peu plus faible que prévu en juin (0,7 % en glissement mensuel). Sur l’ensemble du deuxième trimestre, le PIB dépasse toutefois les prévisions les plus optimistes de la banque centrale (1,4 % contre 0,8 %). Ce que la NB a annoncé hier se confirme également aujourd'hui : c’est surtout le consommateur qui joue le rôle de moteur de l’économie norvégienne. L’inflation générale se situe depuis déjà un certain temps au-dessus de l’objectif de 2 %. Les indicateurs sous-jacents se sont en revanche repliés ces derniers mois, pour atteindre 1,1 % en juillet. Mais pas de panique : cette baisse était attendue et va bientôt cesser grâce à la reprise de l’économie.
La Norvège n’échappe pas à la résurgence mondiale de la pandémie, avec la propagation du variant Delta. C’est pourquoi la banque centrale ne peut pas exclure à 100 % la réintroduction de (certaines) mesures de lutte contre le Covid, malgré le succès de la campagne de vaccination. Mais contrairement à ses collègues de Nouvelle-Zélande, par exemple, en début de semaine, cela ne constitue plus pour la NB une excuse pour reporter la normalisation de sa politique. La banque a donc une nouvelle fois confirmé son intention de relever "très probablement" son taux directeur le 23 septembre. Les projections de taux établies en juin suggèrent ensuite un resserrement (de 25 points de base) chaque trimestre de l’année prochaine.
En dépit des intentions de la Norges Bank, la couronne norvégienne est sous pression depuis quelques semaines. Et en particulier ces derniers jours. Cela n’a d’ailleurs pas échappé à la banque centrale. Le regain d’incertitude causé par le coronavirus pèse manifestement sur la couronne. Aujourd’hui, le cours EUR/NOK s'affiche à 10,61. Une rupture au-delà de 10,71 aura un impact très négatif sur la situation technique de la NOK. Nous ne sommes pas étonnés que la couronne ne profite plus du soutien imminent des taux d’intérêt. La nouvelle n'est en effet pas neuve.Le sort de la couronne dépend aujourd'hui entièrement de l'évolution du sentiment vis-à-vis du risque et du prix du pétrole. Deux facteurs qui se sont fortement détériorés ces derniers temps. Le contexte devra fortement évoluer pour que la tendance de la NOK s'inverse à court terme. Ensuite, ce sera à la divergence monétaire vis-à-vis de la BCE, qui ne prévoit pas de normaliser sa politique de sitôt, de prendre le relais.