Le dollar dominant fait baisser le cours EUR/USD
Ce matin, le cours EUR/USD est passé sous la zone de support de 1,1704/1,1695 (creux 2021/retracement 38 % sur le rallye EUR/USD de 2020), son niveau le plus bas depuis novembre de l’année dernière. Si la rupture se poursuit, le niveau de 1,1612/05 (creux de septembre/novembre 2020) constituera un point d’arrêt intermédiaire jusqu’au prochain seuil important de 1,1495/93 (sommet de mars 2020/retracement 50 % sur le rallye EUR/USD de 2020). Le dollar pondéré des échanges commerciaux (DXY) est encore en train de tester son niveau de résistance technique de 93,44 (le plus haut de l’année passée). Une rupture à la hausse signifie une accélération du cours EUR/USD. Le dollar profite de l’imminence d'une normalisation de la politique et des doutes qui en découlent sur les bourses.L’euro ne peut pour le moment rien y faire.
Le procès-verbal de la réunion de juillet de la banque centrale américaine (Fed) a de nouveau apporté un peu plus de clarté sur la réduction des achats d’obligations (QE). Il s’agit de la première phase d’un retour à la normale monétaire. La grande majorité des gouverneurs de la Fed indiquent officiellement que les achats nets pourraient commencer à être réduits avant la fin de cette année. La date exacte du début du démantèlement et le rythme auquel celui-ci sera effectué n'ont cependant pas encore été fixés. Les banquiers centraux américains sont toutefois déjà parvenus à un consensus à propos du rapport entre les achats d’obligations d’État (actuellement 80 milliards de dollars par mois) et les achats d’actifs adossés à des créances hypothécaires (actuellement 40 milliards de dollars par mois). Ils veulent maintenir le ratio 2:1 tout au long du processus de démantèlement et mettre un terme aux deux programmes en même temps.
Voilà pour les certitudes. En lisant entre les lignes du procès-verbal et des déclarations de certains gouverneurs de la Fed, nous pouvons tout de même nous faire une idée des détails manquants. L'annonce sera probablement faite à la réunion de politique du 22 septembre. La plupart des membres de la Fed s'accordent à dire que suffisamment de progrès ont été enregistrés en ce qui concerne l'objectif d’inflation symétrique de 2 %. Quant à la progression sur le marché de l’emploi, des doutes persistaient encore en juillet. La publication des "payrolls" de juillet début août (+1 million d’emplois) a probablement convaincu la plupart des indécis. Tout ce qui, le 3 septembre, se rappochera encore d’un chiffre solide pour le mois d’août ne fera que conforter l'idée d’une annonce en septembre. Le président Powell pourrait également déjà clarifier les choses lors du symposium de Jackson Hole des 26 et 28 août.
Une annonce en septembre, suivie du début du démantèlement quelque part au dernier trimestre, en guise de compromis pour les colombes monétaires. En ce qui concerne le rythme de la réduction des achats, plusieurs membres de la Fed se sont référés à ce qui s'était passé au cycle précédent. Ils veulent que le démantèlement se fasse plus rapidement qu'à l’époque (dix mois). Les arguments sont clairs : l’inflation est à présent beaucoup plus élevée et le marché de l’emploi beaucoup plus sain. En outre, le QE constitue principalement un stimulant pour le côté demande de l'économie (consommation). Or, les conséquences de la crise de la pandémie se font surtout sentir du côté de l'offre (perturbations dans les chaînes de production internationales). Sur la base de ces informations, nous estimons que la date de péremption du QE se situera à la mi-2022. Cela ouvre la perspective d’un premier relèvement du taux directeur fin 2022, au lieu de 2023, comme le laissaient présager les prévisions de la Fed en juin.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC