La RBNZ reporte encore son relèvement des taux
La Nouvelle-Zélande aime la fermeté. Hier, le pays a fait état d'une contamination au coronavirus, la première depuis six mois. En réaction, la Première ministre Jacinda Ardern a annoncé un confinement de courte durée sur l’ensemble du pays. Le gouvernement n’est pas le seul à oser changer rapidement de cap. La Reserve Bank of New Zealand (RBNZ) a fait de même ce matin.
Petit retour en arrière. À la mi-juillet, la RBNZ a annoncé qu’elle allait mettre pratiquement immédiatement un terme aux achats d’obligations nets dans le cadre de son enveloppe de 100 milliards de dollars néo-zélandais. Ce revirement inattendu découlait d’une vision très optimiste de l'économie, où l’inflation n’est plus uniquement la conséquence de facteurs uniques et/ou temporaires, mais reflète également une pression durable sur les salaires. Les spéculations autour de l’étape suivante, à savoir un relèvement des taux, se sont immédiatement amplifiées. Au début de cette semaine, le marché s'attendait à ce que la banque procède à son premier relèvement de taux depuis 2014 lors de sa réunion de politique de ce matin. Un resserrement plus rapide que ce que la banque centrale avait elle-même prévu dans ses prévisions de mai, mais tout de même justifié au vu de la situation économique et sanitaire favorable.
L’homme de 58 ans ayant contracté le virus à Auckland a cependant changé la donne, remettant en cause la stratégie de communication de la RBNZ probablement élaborée avec soin un jour avant la publication. Le gouverneur Orr et ses collègues ont donc ajouté un paragraphe supplémentaire au communiqué rappelant les risques économiques (confinement) de ce virus imprévisible. Dans la conclusion de sa déclaration, la banque suggère qu'il s'agit pour ainsi dire de la seule raison pour laquelle le taux directeur est resté inchangé aujourd’hui. Aujourd'hui : les décideurs s’accordent à dire qu’il vaudrait mieux continuer à réduire les incitants monétaires afin que l’inflation (les prévisions d’inflation) ne parte pas en roue libre. Selon toute probabilité, une décision sera prise au prochain trimestre. Quoi qu’il en soit, les nouvelles prévisions économiques pourront servir de base à cette normalisation attendue de la politique. La croissance a été revue considérablement à la hausse, à 5,9 %, pour l’exercice fiscal 2022. L’inflation est quant à elle attendue à 3,7 % en 2022, avant un essoufflement à 2,1 % en 2024. Le taux de chômage connaîtra une baisse sensiblement plus rapide et passera déjà sous la barre des 4 % cette année.
Les dégâts sur le dollar kiwi sont restés limités après la décision de politique. Cela s’explique par le fait que la monnaie avait déjà senti le vent tourner après avoir appris le nouveau cas de Covid. Le cours NZD/USD s’est alors replié, de plus de 0,70 en direction de la zone de support de 0,69, et fait pour l’instant un peu de surplace. D’un autre côté, il est clair que le relèvement n’a été que reporté, et pas supprimé. En attendant, les investisseurs ont déjà adapté leur vision et évaluent désormais à 75 % la probabilité d'une première hausse de taux en octobre. L'imminence du cycle de resserrement devrait en principe jouer en faveur du dollar kiwi. À très court terme, la paire de devises se trouve encore pour le moment dans la zone de danger technique. Le principal risque réside dans un renforcement du dollar à l’approche du symposium annuel de la Fed à Jackson Hole la semaine prochaine, où le président Powell posera peut-être les bases d’une normalisation prudente de la politique.