Une société plus verte… au rythme de l’économie?

Les marchés

Cora Vandamme

De nombreuses voies peuvent mener à un avenir vert pour l’UE. En juillet 2021, la Commission européenne a publié son plan d’action modifié visant à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Au cœur de cette stratégie: le marché du carbone. Notamment par le biais d’un système d’échange de quotas d’émission (SEQE) élargi, la Commission souhaite faire réfléchir les émetteurs de gaz à effet de serre à la façon dont ils mènent leurs activités et encourager l’investissement dans les technologies vertes. Des mesures indispensables, car l’UE est responsable d’environ 3,3 milliards de tonnes d’émissions de CO2 par an (voir graphique, chiffres de 2019).

Dans son cadre de politique général, la BCE tient elle aussi de plus en plus compte de la problématique climatique. Elle a notamment investi dans des obligations vertes dans ses programmes d’achat d’actifs et a créé un Centre du changement climatique début 2021 pour rassembler tous les travaux relatifs à la question du climat au sein de l’institution.

Une société verte… au rythme de l’économie

Dans une étude récente, des chercheurs de la BCE se prononcent en faveur d’une taxe carbone. À l’instar du système d’échange de quotas d’émission de l’UE (SEQE-UE), il s’agit d’une forme de tarification du carbone. Les chercheurs ne proposent toutefois pas de taxe carbone traditionnelle, mais une taxe qui varierait dans le temps, en fonction de la phase du cycle économique. Le taux d’imposition augmenterait pendant les phases d’expansion, pour ensuite diminuer à nouveau en phase de récession économique.

Selon les auteurs, demander moins d’efforts sur le plan des émissions carbone de la part des acteurs économiques pendant les périodes de repli devrait favoriser la stabilité du cycle conjoncturel. Plus encore, les chercheurs jugent qu’en temps de crise, la stabilité macroéconomique doit prendre le pas sur la protection de l’environnement.

En effet, ils postulent que le changement climatique augmente l’aversion au risque, qui a à son tour une incidence sur le niveau d’épargne de précaution. Dans leur modèle, les auteurs partent du principe que l’aversion au risque varie avec le temps. Ils n’étayent cependant pas cette affirmation avec des données concrètes.

L’attente a assez duré

À première vue, la proposition peut paraître logique: les stabilisateurs anticycliques sont un concept bien connu de la théorie économique. L’idée prête cependant le flanc à la critique. La principale objection est liée à l’objectif même d’une taxe carbone, qui est d’internaliser des coûts qui ne sont actuellement pas pris en charge par le pollueur, mais bien par la société. En adaptant la taxe à la conjoncture, les autorités donneraient le signal qu’il ne s’agit que d’une taxe supplémentaire – alors qu’il s’agit de tenir enfin compte d’une externalité négative liée à la production qui a été indûment ignorée pendant des années. Une tonne de CO2 représente une externalité qui doit être imposée et ce, indépendamment du stade du cycle conjoncturel. Il est défendable de vouloir soutenir les entreprises pendant les périodes de crise, mais une taxe carbone variable ne semble pas la meilleure manière de le faire.

Cora Vandamme, Économiste du groupe KBC

Émissions de CO2 issues de la consommation de combustibles fossiles (en milliard de tonnes par an)

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