Aucun changement à la RBA
La banque centrale australienne (RBA) a maintenu son taux directeur inchangé à 1,50%. Dans le communiqué accompagnant cette décision, le président Philip Lowe a adopté exactement le même ton que lors de la précédente réunion en décembre. Une partie du marché s'attendait pourtant à un positionnement plus accommodant, à l'image de ce que la Fed et la BCE ont fait récemment. Ces spéculations avaient aussi été alimentées par les problèmes observés sur le marché immobilier australien et le niveau élevé de l'endettement des ménages.
Il faut cependant admettre que la RBA était déjà positionnée de manière assez accommodante malgré l'excellent état de santé de l'économie. Au troisième trimestre de l'année passée, la croissance avait ralenti à 0,3% en glissement trimestriel, mais avec un taux de 2,8% en glissement annuel, elle reste tout de même solide. La RBA a néanmoins ajusté ses prévisions de croissance pour cette année (3,0%, contre 3,5% en décembre), à cause du ralentissement attendu de la demande de matières premières. La banque centrale reste cependant positive en ce qui concerne les investissements des entreprises et les investissements en infrastructure. En outre, l'économie australienne peut toujours compter sur un marché de l'emploi robuste. En décembre, le taux de chômage est ainsi passé de 5,1% à 5,0%, son niveau le plus bas depuis l'été 2011.
La bonne santé de l'économie australienne n'est à elle seule pas suffisante pour justifier un resserrement de la politique monétaire. La RBA poursuit en effet un objectif d'inflation de 2 à 3%. Or, celui-ci n'a pas (encore) été atteint. La vigueur de l'économie et du marché du travail n'a jusqu'à présent pas entraîné une hausse suffisante des salaires et, par extension, du revenu disponible. La pression inflationniste reste donc limitée. En 2018, l'inflation a atteint 1,8%, soit un niveau légèrement inférieur à ce que la RBA avait prévu (1,9%). La banque centrale a par ailleurs revu sa prévision pour 2019 à la baisse (2%, contre 2,25% en décembre).
La banque centrale est donc depuis quelque temps écartelée entre la vigueur de l'économie et la faiblesse de l'inflation. Si les chiffres économiques justifieraient peut-être un resserrement de la politique monétaire, les chiffres de la croissance des salaires et de l'inflation plaident plutôt dans l'autre sens. En outre, le niveau élevé de l'endettement des ménages constitue toujours un problème. La hausse des taux risque de réduire encore le revenu disponible des ménages, avec un impact sur la consommation intérieure. Et la hausse des prix sur le marché immobilier australien, en particulier à Sydney et Melbourne, pourrait à terme peser sur la confiance des consommateurs. En outre, les banques australiennes ont déjà durci leurs conditions d'octroi de crédit et augmenté leurs taux hypothécaires. Cela aussi pourrait signifier une hausse des charges d'intérêts pour les ménages australiens. La RBA est consciente de ces développements à l'intérieur du pays, mais cela ne l'a pas encore incité à ajuster sa politique.
Le dollar australien a perdu du terrain avant la réunion de politique. Une partie du marché s'attendait en effet à un positionnement plus accommodant de la RBA compte tenu du niveau plus bas que prévu de l'inflation, des développements intérieurs et du récent repositionnement d'autres grandes banques centrales. Le cours AUD/USD est depuis quelque temps sur la défensive. Après l'annonce du statu quo, la paire de devises est prudemment repartie à la hausse, pour atteindre 0,725. Les problèmes sur le marché immobilier australien et le niveau élevé de l'endettement des ménages restent néanmoins d'actualité. Une reprise durable de la monnaie n'est donc pas encore à l'ordre du jour.