La MNB est prête pour un relèvement des taux
La banque centrale hongroise (MNB) change de cap. Ceux qui en doutaient encore à la suite de la dernière réunion de politique fin avril ou de la publication des chiffres de l’inflation la semaine dernière auront été convaincus ce matin par le vice-gouverneur Virag: de nouvelles prévisions de croissance et d’inflation donneront le coup d’envoi d’un cycle de taux haussier en juin et marqueront en même temps le début du processus de démantèlement de certaines mesures de soutien non conventionnelles.
Les lecteurs attentifs auront déjà remarqué que des changements s’annonçaient dans le communiqué de politique du mois d’avril. Jusqu’alors, des risques baissiers liés à la Covid-19 pesaient dans la balance, doublés de risques inflationnistes dus à une possible dépréciation de la devise (voir la hausse des taux dans les pays centraux). En avril, la balance a penché du côté inflationniste en raison du risque d’effets dits de second tour, les producteurs répercutant la hausse de leurs coûts de production (hausse des prix des matières premières, perturbations des chaînes de production internationales, augmentation des coûts de transport, pénurie…) sur le consommateur final. Dans le souci de camoufler quelque peu le message, la MNB a ajouté la mention devenue presque de rigueur ces temps-ci qu’elle ignorerait un rebond temporaire de l’inflation.
Les chiffres de l’inflation pour le mois d’avril ont été un deuxième avertissement. L’inflation a augmenté plus fortement que prévu, de 0,8% sur une base mensuelle et de 5,1% sur une base annuelle (contre 3,7% en glissement annuel en mars). La lecture en glissement annuel est la plus élevée depuis 2012 et un peu plus élevée que l’objectif d’inflation de 3% de la MNB, même compte tenu de la marge de tolérance de 1%. L’inflation de base sous-jacente a grimpé à 3,1% en glissement annuel. Les effets de base, les prix de l’énergie et les taxes indirectes constituent une part importante de la poussée inflationniste et peuvent encore être qualifiés de “temporaires” à ce titre. Mais la réouverture de l’économie contribue également à la hausse, par exemple par le biais de l’inflation des services. Ces effets de second tour pourraient encore s’intensifier dans les mois à venir.
Ce matin, le coup de semonce inflationniste et la hausse effective de l’inflation ont contraint le vice-gouverneur Virag à appeler un chat un chat. Il a déclaré de manière assez formelle que la banque centrale pourrait déjà relever son taux directeur en juin. L’année dernière, la MNB avait procédé à un pseudo-resserrage par le biais d’un taux de dépôt à 1 semaine plus élevé (0,75% contre 0,60% de taux de base). À présent, l’accent repose clairement sur le taux directeur effectif, tandis que le spread par rapport au taux de dépôt (15 points de base) restera sans doute intact. La MNB mettra un terme à ses programmes non conventionnels, mais Virag a souligné le fait que le programme de rachat d’obligations d’État serait traité avec la plus grande prudence.
Le forint hongrois avait déjà le vent en poupe depuis la réunion d’avril. Le cours EUR/HUF 364 s’est progressivement déplacé en direction de 355, malgré un climat de risque instable. Ce matin, la paire de devises a quitté la fourchette de consolidation latérale où elle se trouvait depuis septembre de l’année dernière (EUR/HUF 353/370) et a atteint son niveau le plus élevé depuis l’été dernier. Une rupture durable fera du cours EUR/HUF 343 la prochaine référence technique. Les taux hongrois (taux swaps) augmentent d’environ 15 points de base sur l’extrémité courte de la courbe, tandis que l’extrémité longue progresse d’environ 2 points de base. À cet égard, la promesse d’assouplissement quantitatif a limité l’impact.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC