La banque centrale tchèque maintient le cap
La banque centrale tchèque a laissé son taux directeur inchangé à 0,25% la semaine dernière. Le projet de procéder à une normalisation plus tard dans l’année est maintenu, malgré un premier trimestre décevant. La CNB va jusqu’à préciser ses intentions: toutes choses égales par ailleurs, un premier relèvement des taux aura lieu peu après le premier semestre. La CNB compte probablement agir à la réunion du mois d’août, lorsqu’elle disposera d’un nouveau rapport d’inflation détaillé. Dans ce contexte, un deuxième relèvement des taux d’ici la fin de l’année serait même envisageable. Pour 2022, nous lisons entre les lignes que la CNB prévoit trois relèvements de taux de 25 points de base. La banque centrale tchèque a résisté à la pression de procéder à des achats d’obligations ou à d’autres mesures d’incitation non conventionnelles, ce qui facilite grandement le processus de relèvement des taux.
Au début de cette année, une nouvelle vague de coronavirus a provisoirement déraillé la croissance tchèque. Tandis que d’autres banques centrales ignorent la hausse temporaire de l’inflation en vue de maintenir encore pendant longtemps l’extrême souplesse des cours monétaires, la CNB adopte une approche plus orthodoxe et se propose d’ignorer le passage à vide temporaire de l’économie pour resserrer la politique monétaire comme prévu. De nouvelles perspectives de croissance indiquent que seul le timing du cycle de croissance change: le point final (retour aux niveaux pré-pandémie) reste le même (fin 2022). Les prévisions de croissance pour 2021 s’élèvent à présent à 1,2% (contre 2,2% en février) et pour 2022, à 4,3% (contre 3,8%).
Outre les prévisions de croissance, l’inflation est la principale raison pour laquelle la CNB veut à nouveau renoncer à sa politique de taux bas. Dans les trimestres à venir, l’inflation se stabilisera autour de la limite supérieure (3%) de la fourchette de tolérance autour de l’objectif de 2%. Pour 2021, cela se traduirait par une révision à la hausse de 2% à 2,7% et de 2,2% à 2,4% pour 2022. L’augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires constitue une part importante de la hausse de l’inflation, mais la CNB redoute aussi les risques inflationnistes posés par la perturbation continue des chaînes de production internationales, qui pourrait se répercuter sur le consommateur final. Pour le mois d’avril, le taux d’inflation principal a déjà augmenté plus que prévu hier, passant de 2,3% en glissement annuel à 3,1% en glissement annuel et dépassant le plafond virtuel. Le niveau d’inflation pertinent pour la banque centrale, qui ne tient pas compte des effets des accises plus élevées, est légèrement inférieur.
La couronne tchèque a réagi au communiqué de la CNB. Le cours EUR/CZK a dépassé son plancher de l’année précédente (25,65) et se rapproche de 25,50. Pour l’instant, la devise reste forte, même dans le climat boursier général plus fragile que nous connaissons actuellement. D’un point de vue technique, le plancher de 2020 (EUR/CZK 24,77) constitue le prochain obstacle. Or c’est à ce niveau que les intentions de politique de la CNB pourraient être mises en péril, car ce n’est pas un secret: dans le cadre du resserrement monétaire, une devise plus forte est tout aussi importante pour la banque centrale que les relèvements de taux. Pour la fin de cette année, la CNB table sur un taux de change de EUR/CZK 25,40. Pour fin 2022, ce sera un taux de EUR/CZK 24,80.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC